Claire, atteinte d'un mal qui lui fait perdre la mémoire et l'élocution, et Philippe, accidenté de la route dont l'amnésie, au contraire, disparait peu à peu, de rencontrent dans la clinique où ils sont soignés. Il s'ébauche entre eux une singulière histoire d'amour.
Le sujet dramatique de Zabou Breitman n'est pas sans cocasserie, celle que déterminent, dans la première partie du film, les rapports bon-enfant entre l'équipe soignante et les malades, ou ces situations burlesques qu'occasionnent les troubles de mémoire des pensionnaires. Et parce que leur amnésie leur confère une sorte d'innocence et comme une nouvelle virginité, Claire et Philippe sont tels deux enfants qui s'aiment, candides et un peu gauches. Plus tard, le ton se fait plus grave
lorsqu'on assiste à la rapide dégradation de l'état de Claire.
Zabou Breitman porte un regard sensible sur la relation entre ses deux personnages, sur leur besoin mutuel et sur leur souffrance, tout en exposant les incidences matérielles (desquels on pourrait s'amuser si Claire ne déclinait pas inéluctablement) qui forment le quotidien -lorsque le couple s'installe en ville- des amnésiques. L'approche de la réalisatrice procède tout autant de l'émotionnel que de l'étude clinique. Elle s'appuie sur une interprétation remarquable, mention à Isabelle Carré, charmante, lunaire, émouvante.