Sea Fever correspond à ce genre de série B à base de créature qui n'a quasiment aucun budget pour la montrer, et qui s'est dit qu'une ambiance à la Lovecraft ferait mieux passer la pilule. Ce doit d'ailleurs être une des ambitions de base du scénario vu sa gestion de la tension et des éléments narratifs, qui aiment à suggérer beaucoup plus que le film ne dévoilera (la légende des cheveux dans la mer). Dans les faits, le résultat n'est pas décevant.
Cela passe par des personnages plutôt sympathiques (bonne caractérisation avec le choix amusant de la roussophobie pour nous rendre sympathique un équipage superstitieux) et une mise en scène qui se focalise beaucoup sur les détails. Ainsi, la créature ne sera toujours dévoilée que partiellement, et les nombreux plans marins du bateau de pêche sur lequel l'action se déroule permettent de créer l'isolement et l'impuissance recherchée par le script. Question ambiance, on alterne entre Lovecraft et Event Horizon (mais sans enfer cette fois ci), avec assez peu d'effets spéciaux et pas mal de craintes qui servent à garder le récit à flot avant un dernier acte... pas particulièrement impressionnant. A force de ne pas dévoiler à créature (l'apparition finale est là aussi tellement lacunaire qu'on reste sur notre faim) qui est pourtant au centre récit, le film perd peu à peu de son intérêt au cours de son développement, malgré la sélection naturelle toujours plus intense qui s'abat sur nos personnages. C'est dommage, car le film y perd de son ampleur. Mais il parvient à conserver toutefois l'aspect lyrique de ses ambitions, ce goût pour la mer et ses légendes avec lequel d'ailleurs il préfère conclure. Trop modeste tentative lovecraftienne mais intéressante série B d'ambiance, Sea fever mérite clairement un visionnage, et qu'on salue l'effort d'ambiance.