Secret Sunshine (2007) – 밀양 / 142 min.
Réalisateur : Lee Chang-Dong – 이창동
Acteurs principaux : Jeon Do-Yeon – 전도연 ; Song Kang-Ho – 송강호 ; Jo Young-Jin – 조영진 ; Kim Young-Jae – 김영재.
Mots-clefs : Corée ; Drame ; Chiale.
Le pitch :
A la suite du décès de son mari, Shin-ae vient s'installer à Miryang, la ville natale de celui-ci avec son petit garçon. Entre ses cours de piano, ses nouvelles relations et Jong-Chan, le patron d'un garage qui tente de se rapprocher d'elle, cette jeune femme douce et discrète débute une nouvelle existence. Jusqu'au jour où la tragédie frappe à nouveau. Face à ce nouveau drame, Shin-ae va tenter de redonner un sens à sa vie.
Premières impressions :
Je pense l’avoir déjà écrit mais je le redis : je déteste la chiale au cinéma. Les grandes crises de larmes face caméra m’exaspèrent au plus haut point ou me laissent totalement indifférent au mieux. Or, du déversement lacrymal, de la chute du Niagara sentimental, Secret Sunshine en est bourré ! Si je ne peux pas en vouloir à l’actrice Jeon Do-Yeon ( You are my sunshine ; The Shameless ; The Housemaid) qui est plutôt naturelle dans ses pleurs (prix d’interprétation à Cannes), j’en veux beaucoup au réalisateur Lee Chang-Dong (Oasis, Poetry) d’avoir versé dans le pathos.
Si j’en veux autant au réalisateur, c’est que le film dispose de beaucoup d’arguments, à commencer par la mise en lumière de la campagne coréenne. Lee Chang-Dong arrive à capter une certaine réalité du quotidien des villes de province et je me suis cru revenu à Hadong ou Suncheon, deux villes reculées que j’ai eu l’occasion de visiter. Les regards qui sont adressés aux étrangers, les questions que l’on nous y pose, l’allure des boutiques, la façon de se déplacer, toutes ces petites choses sonnent vrai dans le film. J’aime particulièrement les films réalistes et les cinéastes qui savent nous transmettre l’atmosphère d’un endroit ou d’une époque. Hélas, cette capacité à capter le réel est gâchée par un scénario invraisemblable et tire larmes. Un braquage émotionnel qui jure avec le réalisme du cadre.
Dans ce film, Lee Chang-Dong cherche à interroger sur la foi et les différentes façons de surmonter un drame. Pour cela le réalisateur-scénariste avait besoin d’un évènement traumatique, d’une situation prétexte à amener la mère de famille, Shin-ae (Jeon Do-Yeon), dans la difficulté. Hélas, plutôt que de choisir un évènement tragique, mais accidentel, un drame qui pourrait arriver à tout un chacun, Lee Chang-Dong préfère nous embarquer dans un mauvais polar qui ne durera qu’une grosse demi-heure. Pas assez long pour nous tenir en haleine, pas assez commun pour s’intégrer dans le cadre réaliste, c’est tout le film qui repose alors sur une situation bancale. Ensuite, le réalisateur multiplie les pleurs face caméra… Et c’est long… On se croirait dans un film français, c’est insupportable.
Comme souvent, Jeon Do-Yeon est excellente, mais je l’ai trouvé tellement plus touchante dans The Shameless (un de mes films favoris) où son personnage, tout en retenue, semble porter toute la misère du monde sur ses épaules sans avoir besoin de verser litres de larmes. Song Kang-Ho (Snowpiercer, Memories of Murder, Le Bon, la Brute et le Cinglé) est fidèle à sa réputation d’être l’un des meilleurs acteurs de Corée du Sud et campe parfaitement l’archétype du bon gars qui sera friendzoné à sa première seconde d’apparition à l’écran.
Pour conclure, Secret Sunshine est un film qui sait retranscrire parfaitement l’atmosphère de la province coréenne mais dont le scénario aurait énormément gagné à la simplification. Je pense qu’il plaira aux amateurs de drames français et qu’il agacera passablement les amateurs des sentiments retenus. Reste malgré tout une belle réflexion sur la manière de surmonter les drames qui pousse le spectateur à se poser des questions sur lui-même.