Après les nombreux problèmes survenus au cours de sa post-production, voilà enfin visible sur les écrans (domestiques) l'adaptation ciné du roman "London fields" de Martin Amis.
On aura entendu parler des conflits/procès vécus par les producteurs avec le réalisateur Mathew Cullen (qui leur reproche "une fin dénaturée"), mais aussi avec la vedette féminine Amber Heard, absente à l'avant-première du film à Toronto à l'automne 20...15!
Alors 4 ans plus tard, que penser de "London fields"? Pas grand chose de bon, pour dire les choses clairement.
En effet, si David Cronenberg avait été pressenti au départ du projet, c'est donc le réalisateur de clips Mathew Cullen qui a hérité du rôle de réalisateur, et son film ressemble effectivement à un long vidéo-clip, agréable visuellement mais dépourvu de substance, autour de personnages potentiellement intéressants mais navigant au sein d'un récit confus et languissant.
Je veux bien croire que Cullen suive la trame littéraire de Martin Amis, crédité comme coscénariste, mais ce dernier est justement réputé inadaptable, (la tentative de transposer "Dead Babies" au ciné en 2000 fut tout sauf un succès), et le rendu est souvent plat voire carrément abscons pour le spectateur. Je pense notamment au dénouement du film, que j'ai personnellement trouvé assez incompréhensible, en particulier au niveau des motivations de chaque protagoniste.
Pour ma part, "London fields" apparaît surtout comme un véhicule pour promouvoir la starlette Amber Heard, à l'occasion de différents tableaux colorés au sein desquels la belle rivalise de charisme et de sex-appeal. J'admets n'avoir pas pris jusqu'à présent la mesure du phénomène Heard, que je prenais pour une vulgaire bimbo comme il en existe des dizaines ; et j'avoue avoir été bluffé par sa capacité à aimanter la caméra et à irradier de sa beauté à l'écran, permettant ainsi de faire passer la première moitié du métrage.
Mais enfin, la plus belle plante ne suffira jamais à faire un film, surtout si les autres comédiens n'évoluent pas à leur meilleur niveau. Or la spectaculaire texane est entourée d'un compatriote, Billy Bob Thornton fatigué et loin de ses meilleures prestations, et de deux britanniques : Jim Sturgess bénéficie d'une vraie dégaine, mais passe son temps à surjouer, la bouche grande ouverte, c'est incroyablement usant ; quant à Theo James, acteur sans grand charisme, il hérite d'un personnage qui lui ressemble, auquel il peine à transmettre le bouillonnement censé le traverser.
Ajoutons à ce casting le toujours cabotinant Johnny Depp dans un second rôle, ainsi que Cara Delevingne et Jaimie Alexander, que l'on aperçoit quelques secondes chacune.
On comprend la volonté d'Amis de restituer de manière caricaturale voire grotesque la société londonienne post-thatchérisme (le roman date de 1989, et l'action se situe dix ans plus tard, d'où la "crise" mentionnée en arrière-plan - mais à peine évoquée, justement), mais en l'état le film peine à délivrer le moindre message.
On assiste donc à un long clip vidéo, souvent chiadé visuellement, enrichi d'un pseudo-scénario de pseudo-whodunit. Sans intérêt, vraiment...