See you yesterday est un film de science fiction à destination des adolescents produit par Spike Lee et mis en musique par Michael Abels, compositeur à titré de Jordan Peele.
Ces informations vous paraissent anodines et pourtant elles vous serviront à mieux aprehender cette critique.
Au premier regard, See you yesterday n’a rien d’extraordinaire, des adolescents qui remontent le temps on a déjà vu ça, je pense par exemple à Happy birthdead, production Blumhouse qui exploite le principe à son compte ou encore Projet Almanac pour ne citer qu’eux.
Dans le premier exemple, le voyage dans le temps est le fruit du hasard alors que dans le second il est purement intentionnel tout comme dans le film qui nous intéresse aujourd’hui.
Au second regard en revanche, on s’aperçoit que le film aborde un sujet plus sérieux, celui de la place des noirs dans la société américaine à l’heure du “Black Lives Matter” (Les noirs comptent) mouvement militant afro-américain qui se mobilise contre la violence ainsi que le racisme systémique envers les noirs.
La science fiction est à mon sens un moyen utilisé pour attirer l’attention des jeunes spectateurs et les sensibiliser à ce phénomène, on retrouve cette idée dans le dernier long métrage réalisé par Spike Lee, Blackkklansman, dans lequel onirisme et réalité se confrontent pour transmettre avec force un message.
See you yesterday semble par ailleurs s’inspirer du travail de Spike Lee pour ses thématiques mais aussi de celui du regretté John Singleton et plus particulièrement de son oeuvre majeure Boys n the hood, certaines séquences comme celle de la partie de domino dans le jardin est pour moi une référence directe au film culte de Singleton.
Le voyage dans le temps est relativement bien expliqué par des phrases souvent complexes, des schémas incompréhensibles pour la plupart et des hologrammes visibles par les deux héros lorsqu’ils enfilent un casque de réalité augmenté, on accepte le temps du visionnage de mettre de côté notre scepticisme et d’y croire, c’est ce qu’on appelle la suspension consentie de l’incrédulité.
Les acteurs sont bons et les deux comédiens principaux sont relativement convaincant surtout celle qui incarne CJ que j’ai trouvé à la fois féroce quand il le fallait et très empathique.
Quand on pense au thème du voyage dans le temps, le film qui revient souvent dans les bouches est Retour vers le futur et bien surprise, Michael J Fox aka Marty Mcfly dans la célèbre trilogie de Robert Zemeckis fait un caméo innatendu dans See you yesterday pour notre plus grand plaisir.
Il apparait à peine deux minutes mais son intervention est plaisante, il incarne monsieur Lockhart le professeur de science de Sebastian et CJ pour qui le voyage temporel laisse perplexe, les fans de Retour vers le futur apprécieront d’ailleurs la petite référence !
La réalisation de See you yesterday est classique mais ose des choses jamais ou rarement vus comme par exemple une rotation à 180° dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour indiquer le voyage temporel, on retrouve ce mouvement deux fois il me semble, d’abord lorsque la caméra filme une horloge et ensuite dans l’église pour marquer un retour à la réalité, au temps présent, j’ai trouvé ça envoûtant.
La seule véritable fausse note de ce long métrage pour ainsi dire, si l’on met de côté le scénario chétif est à attribué à la bande originale, le compositeur Michael Abels qui a signé l’habillage sonore des deux premiers films de Jordan Peele m’avait habitué à une ambiance tribale voir possédé par instants or là, il nous offre une partition qui certe colle parfaitement aux côtés aventure, science fiction épique du long métrage mais ne parvient pas à marquer les esprits, contrairement à ces deux premières compositions dont certains thèmes raisonnent encore dans mon esprit.
See you yesterday n’est pas qu’un simple film sur le voyage temporel, c’est aussi un long métrage qui aborde un sujet plus profond qui parlera sans doute davantage aux américains.
Ce film nous prouve que les apparences peuvent parfois être trompeuses, au delà d’un scénario faiblard et de SFX assez misérables il faut bien l’avouer se cache une oeuvre social de SF à destination des adolescents sur la place des noirs dans la société américaine à l’heure du “Black Lives Matter” (Les noirs comptent).