Les 4 vérités
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le 6 mai 2018
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Happy Hour est sorti au Japon en décembre 2015. Et le film de Rysuke Hamaguchi a fait un tour du monde des festivals dans les mois suivants. Comment donc le proposer aux spectateurs français s'est demandé son distributeur ? Non content de changer son titre initial pour celui de Senses (pourquoi pas ?), l'idée a été de le diffuser en 3 vagues successives en inventant un concept de "ciné-série" spécifiquement hexagonal. Qu'importe. Et s'il vaut mieux le voir en une voire deux fois, le fait est que l'on est en présence d'un long-métrage de plus de 5 heures qui mérite d'être apprécié à sa juste valeur, qui est grande. De là à en faire un immense chef d'oeuvre, il y a tout de même de la marge. Aux influences déjà repérées par certains (Cassavetes, Hong Sangsoo, Rohmer), on pourrait aussi ajouter Antonioni et Naruse. Et, sans doute, d'autres également sans que cela ne retire quoique ce soit à l'originalité narrative de Senses. Le film prend son temps pour nous présenter un quatuor de femmes japonaises, ni jeunes, ni âgées, ni belles, ni laides, extraordinairement ordinaires, dans un certain sens, ce qui les rend d'autant plus touchantes et universelles dans leurs questionnements et leur identité propre. Ensemble ou séparément, Senses réussit parfaitement à mélanger leurs vies professionnelle et privée, dotant chacune de ses héroïnes d'un caractère bien particulier. C'est un film sur la place des femmes dans la société japonaise d'aujourd'hui, y compris les divorcées, encore réprouvées. Ce qui est étonnant est la façon dont Hamaguchi s'éloigne parfois de ce qui semble sa trame principale en consacrant de très longues minutes à un atelier "d'interconnexions corporelles et sensorielles" (dans la première partie du film) et à une rencontre littéraire avec lecture intégrale d'une nouvelle (dans la dernière partie). Des moments un peu languissants qui paraissent digressifs mais qui ne sont pas moins reliés au reste du film, dans un approfondissement extrême des sentiments et des relations humaines. Senses est à la fois terriblement ambitieux et excessivement humble dans son traitement. Le genre de film qui n'enthousiasme pas nécessairement sur toute sa durée mais qui trace sa route avec sérénité et laisse une véritable trace dans les souvenirs des spectateurs.
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le 7 mai 2018
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