Comme le titre l’indique, 7 réalisateurs (8 à l’origine avant la défection de John Woo, d’où le titre original « « Eight and a Hall ») de Hong Kong racontent leur ville à 7 périodes différentes, un réalisateur par décennie, de 1950 à 2020 :

1. « Exercice » (« Exercise ») de Sammo HUNG, 68 ans, plus connu comme acteur et producteur : à partir d’une école de gymnastique mixte (les garçons ont le crane rasé) dirigée par un maître sévère, le réalisateur montre son influence dans le temps sur l’un de ses élèves.

2. « Directeur » (« Headmaster ») de Ann HUI, son 31e film à 73 ans : l’histoire se déroule dans une école, autour du directeur, de Mlle Wang, professeur d’anglais et de 3 élèves indisciplinés et insolents, et que l’on retrouve 40 ans plus tard (2001). Film touchant sur le temps qui passe et la solitude (Mlle Wang, célibataire, décédée à 41 ans et que le directeur compare à un Epiphyllum, cactée aux superbes fleurs).

3. « Tendre est la nuit » (« Tender is the night ») de Patrick TAM, son 10e film à 72 ans, l’un des chefs de file de la Nouvelle Vague Hongkongaise. C’est le moins bon des sketches, au scénario mièvre sur un premier amour ; c’est la dernière nuit que passe un couple, Yvi, 18 ans, jeune femme devant quitter Hong Kong et voulant en garder un souvenir en perdant sa virginité avec son petit ami qui reste. Un peu kitsch, surtout lors de l’orgasme accompagné musicalement par l’Adagio en sol mineur (Mi 26) de Tomaso Albinoni (1671-1751) et Remo Giazotto (1910-1998).

4. « Retour à la maison » (« Homecoming ») de YUEN Woo-ping, son 28e film à 75 ans. Cela raconte, en 1997, l’histoire d’un grand-père, ancien champion d’arts martiaux, qui héberge sa petite fille Samantha, le temps que ses parents lui trouvent une école au Canada où ils ont immigré. Souhaitant qu’il les rejoigne, elle lui apprend l’anglais tandis qu’il lui enseigne le kung-fu. Trois ans plus tard, ils reviennent à Hong Kong. Drôle et touchant avec la nostalgie des émigrés de la diaspora chinoise.

5. « Bonenza » de Johnnie TO, son 64e film à 65 ans. Le titre fait référence à la série télévisée américaine éponyme (1959-1973) et qui peut se traduire par aubaine, en raison des perspectives intéressantes qui attendaient ceux qui partaient dans le Far West. Ici, on suit 3 amis qui se réunissent régulièrement dans un restaurant ou café et tentent de profiter d’opportunités boursières mais qui sont contrecarrées par différentes crises (des sub-primes, du SRAS, de l’immobilier, d’une liaison ferroviaire à grande vitesse reliant Hong Kong au continent, etc.). Etonnant car on ne reconnait pas le style de Johnnie To.

6. « Egaré » (« Astray ») de Ringo LAM (1955-2018), son 26e et dernier film à 65 ans. Le thème est le changement de physionomie de Hong Kong, notamment à travers les yeux d’un homme, attaché aux traditions (il vit dans la maison de son père) et qui ne reconnait plus sa ville (le réalisateur inclue des photos anciennes de la ville), notamment en venant retrouver, avec difficulté, sa femme et son fils qui arrivent d’Angleterre et qui se trouvent à quelques centaines de mètres de lui. Nostalgique et tragique.

7. « Conversation en profondeur » (« Conversation in depth ») de TSUI Hark, son 39e film à 70 ans. Dernier sketch en 2020, dans une clinique psychiatrique, où par une mise en abyme remarquable, on ne sait plus qui sont les médecins et qui sont les patients. Sketch aussi auto référentiel qui fait allusion aux réalisateurs du film dont deux, Tsui Hark et Ann Hui, apparaissent même à l’écran ! Une forme bien loin des films d’action de Tsui Hark mais qui n’en est pas moins brillante.

Le film est un bel hommage à Hong Kong, ville aimée par les réalisateurs et qui éprouvent une certaine nostalgie pour ceux qui l’ont quittée et qui concernent aussi d’autres milliers d’anonymes, surtout, peut-être, depuis qu’elle a été rétrocédée à la Chine en 1997 et la promulgation sur la sécurité nationale de juillet 2020, accélérant la transition en incluant son système juridique dans le système chinois…


bougnat44
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le 9 déc. 2023

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