Tiré d'une célébrissime pièce de Noel Coward (on peut lire des critiques en parlant comme LA meilleure pièce de théâtre du XXème siècle !), "Sérénade à Trois" n'est peut-être pas le meilleur film de Lubitsch, mais reste un témoignage incroyable du triomphe d'un certain cinéma de "l'esprit". Les dialogues de Ben Hecht sont brillantissimes, et Lubitsch démontre une fois de plus son absolue maîtrise de la litote (les fameuses portes closes), tout en déployant une infinie subtilité dans le traitement d'un scénario pour le moins... audacieux (qui ne sera d'ailleurs plus filmable pendant des décennies, du fait du Code Hays) : "Sérénade à Trois" est une apologie de la liberté sexuelle, instaurant le droit de la femme à ne pas choisir entre deux hommes qu'elle aime, renforcée par le script de Ben Hecht en une célébration de l'Art contre l'Industrie. Si l'on ajoute la connotation homosexuelle de la relation entre un Gary Cooper craquant et un Fredric March étincelant, voici un film plutôt radical dans son pétillement de "high comedy". [Critique écrite en 2006]