Sydney Lumet à réalisé beaucoup d'oeuvres sur l'intégrité et la morale d'homme seul face à un système corromput (Le Prince de New York) ou face à un groupe bien-pensant (Douze hommes en colère) mais celui-ci porte à son summum son personnage pricipale.

C’est le premier volet de la trilogie de la corruption : une trilogie essentielle dans la filmographie de Sidney Lumet, qui se complétera avec Le Prince de New York – à découvrir aussi dans le cycle consacré au cinéaste – et le trop méconnu Contre-enquête. Trois films qui dissèquent et mettent à nu les mécaniques de corruption – pour plus de précision.

Le film commence «classiquement», en démarrant par la fin, ou plus exactement le climax: Serpico grièvement blessé au visage par un dealer. S’ensuit un long flash back retraçant le parcours de l’intègre policier. Mais rien de classique dans Serpico, car le récit étonnera le spectateur non averti: il s’agit plus d’une suite d’épisodes, parfois séparés par des ellipses de plusieurs mois, sans que rien ne vienne nous aider à nous repérer. Une narration étonnante, qui déstabilise le spectateur, mais qui lui fait partager l’état d’esprit d’un personnage de plus en plus isolé.

Frank Serpico, jeune flic plein d'illusion sur le combat contre le crime, appliqué et travailleur va très vite découvrir le cancer qui ronge l'ordre des flics de l'intérieur et qui semble accepté de tous: la corruption, petit racket et autres arrangements au mépris de la loi, de la Justice, pénale et sociale.

La première scène nous montre un Serpico abattu, au bord du gouffre, prêt à cesser de lutter pour la première fois de sa jeune carrière. Le reste du film va donc nous montrer comment cette fin était inévitable pour un flic atypique et même fantasque qui fut à des premiers à pratiquer l'immersion parmi ceux que "la police devait surveiller"

Parfois Frank est rejoins dans son combat idéaliste par un flic aussi propre que lui, mais cela ne suffit pas, nous le savons, tout le monde le sait, et pas seulement parce que nous connaissons la fin mais aussi parce que dans l'alternative de Descartes (changer le monde ou se changer soi-même), un homme seul ne peut triompher contre le monde entier.

Certains verront en Serpico-Pacino, allongé sur un brancard, barbu, épuisé, seul et saignant, un Christ moderne...

Serpico est pour moi en dessous de sa légende, un triste exemple du dégât causé par le temps sur certaines œuvres mythiques du cinéma. Il possède malgré tout des forces indéniables et Al Pacino fournit à lui seul une raison de le regarder et ça, ça ne risque pas de changer.
JohnFawkes
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le 13 févr. 2013

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John Fawkes

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