"Seul dans la nuit" fait partie de cette vague de films sortis dans la seconde moitié de 1945 : la guerre est finie, les Français ont envie de se distraire dans les salles de cinéma, et le réalisateur Christian Stengel signe ce divertissement du samedi soir, dans lequel la légèreté de la romance et du contexte radiophonique vient équilibrer la noirceur du polar.
De fait, l'énigme criminelle en forme de whodunit constitue le coeur du récit, et j'ignore si on peut parler de comédie policière à proprement parler, car certains passages se veulent assez angoissants : on recherche en effet un homme qui étrangle ses jeunes victimes.
L'inspecteur Pascal (Bernard Blier, encore svelte) est à la manoeuvre, enquêtant dans l'entourage d'une vedette à la mode, jouée par le véritable chanteur Jacques Pills (qui fut le mari d'Edith Piaf), visiblement impliqué dans cette sombre affaire.
Le versant policier constitue le point fort de "Seul dans la nuit", avec une enquête plutôt prenante et bien menée dans l'univers de la radio, au milieu de suspects nombreux, au point que le dénouement sera parvenu à me surprendre, alors que j'étais convaincu d'avoir identifié le coupable...
Dommage que le volet sentimental soit moins réussi, avec une romance cousue de fil blanc entre l'inspecteur et la fille de son sympathique patron. Sophie Desmarets se révèle piquante mais sans charme, et les comportements amoureux, forcément désuets, manquent un peu de finesse.
"Seul dans la nuit" constitue donc un divertissement modeste mais agréable, à réserver aux amateurs du genre, ceux qui apprécient par exemple de reconnaître certains visages oubliés parmi les nombreux seconds rôles, tels que l'inénarrable Louis Salou, le sinistre Jean Davy, l'amusant Jacques Morel ou la toujours vive Annette Poivre.