N'ayant pas (encore) lu la BD très populaire de Gazzotti et Vehlmann, j'ai abordé ce "Seuls" au pitch classique mais intriguant avec une certaine impatience, tant la recherche d'un cinéma "de genre" français s'est toujours avérée décevante, et que toute tentative ambitieuse dans ce domaine est donc précieuse. Malheureusement, cinq minutes de film suffisent à comprendre que le film de David Moreau va vite rejoindre ses prédécesseurs dans le placard poussiéreux des semi-navets : le sieur Moreau manque tellement de talent, voire même de simple technique, en tant que metteur en scène, qu'il rend une bonne partie de son film littéralement insupportable. Piètre directeur d'acteurs en sus, il nous inflige un nombre invraisemblable de scènes ridicules entre ses protagonistes adolescents, sans jamais réussir à faire fonctionner la moindre alchimie entre eux, et donc sans pouvoir crédibiliser ses personnages, ce qui est, rappelons-le, le minimum quand on veut par ailleurs emmener son spectateur vers des horizons fantastiques qui nécessitent la fameuse "suspension consentie de l'incrédulité". Le pire est néanmoins la résolution criminellement stupide de "l'énigme", puisque Moreau et ses scénaristes sortent le joker le plus usé du monde de leur manche, la fameuse explication à la "Lost" qui me rend personnellement fou de rage. Par pure bonté d'âme, on sauvera quelques scènes d'angoisse qui fonctionnent, et puis le joli dernier plan, qui suggère que, au Paradis, Dieu n'est qu'un psychopathe fascisant : joli ! Reste à espérer maintenant qu'il n'y aura jamais de suite à "Seuls". [Critique écrite en 2017]