Lorsque Leïla (Sofia Lesaffre) se réveille, elle sent tout de suite que quelque chose ne va pas. Son portable est hors réseau, et ses parents ne sont pas à la maison. Mais il n’y a pas que sa maison qui est déserte : la ville entière est vide de toute présence humaine. Ou presque… Leïla parvient à trouver quatre adolescents comme elle, qui n’ont aucune idée des raisons de leur solitude, pas plus que de celle du mystérieux brouillard entourant la ville, et pas plus que de l’identité du mystérieux attaquant qui semble vouloir leur mort…
La bande dessinée culte de Vehlmann et Gazzotti est si excellente qu’elle mérite absolument une adaptation cinématographique. Ici, c’est David Moreau qui s’y colle, pour un résultat malheureusement pas à la hauteur de l'original. Comme toute bande dessinée, l’ambiance est évidemment très dure à retranscrire à l’écran, et Moreau n’est qu’à moitié coupable de n’y avoir pas tout-à-fait réussi.
En effet, c’est peu dire que l’ambiance du film s’éloigne de celle de la bande dessinée. Alors que cette dernière parvient à être à la fois oppressante et très amusante, le film a du mal à jouer sur les deux tableaux et ne parvient qu’occasionnellement à nous tirer un sourire. En revanche, malgré une très fâcheuse tendance à secouer sa caméra dans tous les sens, le réalisateur maîtrise la tension cinématographique et nous le prouve à plusieurs reprises, dans des scènes aussi courtes que réussies, durant lesquelles je suis même parvenu à sentir un léger frisson involontaire me parcourir l’échine...
Il faut dire que le scénario original, même à travers les coupures ou raccourcis extrêmement maladroits que Moreau lui a infligé, conserve toute son efficacité, et survit même à la blockbusterisation inévitable qu’il subit ici (on pense notamment à un final tout droit sorti d’un Hunger Games), heureusement compensée par des effets spéciaux très réussis.
Malgré l’inégalité des acteurs ou des personnages (Stéphane Bak - Dodji - et Kim Lockhart - Camille - sont très moyens, Sofia Lesaffre - Leïla -, Jean-Stan du Parc - Terry - et Paul Scarfoglio - Yvan - bons voire très bons, et Thomas Doret fait un excellent méchant, bien que son rôle tombe dans tous les clichés du genre), on ne s’ennuie jamais, et pour peu qu’on évite d’être trop regardant sur la qualité cinématographique, on passe un moment plutôt agréable.
Ça ne fait pas de Seuls du grand cinéma pour autant, mais un divertissement relativement honorable qui, malgré ses trop nombreux défauts, a réussi sa mission sur moi : me donner envie de découvrir la suite (en espérant qu'elle soit plus fidèle à la bande dessinée, et plus épique que ce premier film). Et puis, c’est trop rare de voir un film français faire preuve d’ambition en nous proposant autre chose qu’une médiocre comédie sociale pour que je ne me montre pas indulgent…
Evidemment, si vous n'êtes pas pressé, tournez-vous plutôt vers Lost, les disparus, qui propose sensiblement la même chose que Seuls, mais sans tous ses défauts. Ou bien lisez la bande dessinée, tout simplement...