ATTENTION : Toute ressemblance avec une situation ou une personne réelle serait pur hasard… ou peut-être pas…


1996 - Sortie de SEVEN


À cette époque, je vivais ma pré-adolescence dans une petite ville de campagne non dépourvue d’un cinéma de quartier, qui existe toujours soit dit en passant malgré de nombreuses tentatives de fermeture, mais dont les sorties étaient décalées le plus souvent de plusieurs jours si ce n’est semaines… Bref, le jour de la diffusion de Seven ici bas, posté devant la caisse enregistreuse à échanger 1 vieux billet de Franc contre quelques victuailles dans la supérette située près de chez moi, j’étais avec la gérante d’un âge avancé en pleine discussion sur la monstruosité cinématographique éditée sur le prospectus de notre petite salle obscure provinciale. Il faut que je précise qu’à cette époque mon niveau culturel était bien modeste, voire soporifique… le monde du cinéma, je ne le côtoyais qu’à travers le petit écran familial qui n’était pas ma source de plaisir principal ; je n’avais pas accès à internet non plus, et, j’avoue, je ne suivais pas l’actualité cinématographique, plus précisément, je ne suivais pas l’actualité tout court. En fait, j’étais le plus souvent allongé sur mon lit à bouquiner des romans et BD ou penché sur ma table à dessin à crayonner isolé dans ma bulle symphonique… Mais, revenons-en à ce colloque improbable entre deux incultes du sujet traité… Suite à son exposé du script, en quatre mots ”un film de torture”, j’ai promptement gonflé la poitrine afin de déverser moi aussi ma morale judéo-chrétienne, que j’avais eu le temps d’ingurgité et d’assimiler pendant toute mon enfance, sur cette honteuse procréation d’une civilisation obnubilée par la violence et la cruauté. Oui, j’avais une tendance pacifique et bisounours ce qui explique que je n’appréciais pas les films d’horreur et ultra-violent en ce temps-là, d’ailleurs ils m’étaient interdits dans ma prime enfance à cause de fréquents cauchemars sur mon duvet morphéique… La demi-heure écoulée, notre impérieuse verve amère s’expirant, je suis reparti en direction de mon petit foyer, pensant laisser là, derrière moi, s’évaporer à tout jamais cette accablante palabre dans l’oubli nébuleux des années…


Seulement, comme la vie est une sacrée vicieuse qui n’oublie rien, vous vous doutez qu’elle ne pouvait en rester là et ne pas m’infliger le retour du bâton tant mérité…


2001 - SEVEN Re-sort


Comme je le sous-entendais plus haut, je suis passionné par le dessin, passion qui m’a accompagné pendant mes courtes années de facultés où j’avais secrètement le projet d’élaborer une BD basé sur les thèmes de l’angélologie, des 7 péchés capitaux et de l’inquisition ; le moyen-âge est ma période préférée, cela va s’en dire. Néanmoins, je voudrais noter que mon scénario n’était pas là pour brosser dans le sens du poil notre trop bien-aimé mère l’Église ! De là, à dire que j’avais commencé à muer lors de mon adolescence, je pense que oui, et ça à son importance… Bref, toute création scénaristique se doit d’être un minimum documenté sur les thématiques abordées. Je me mis donc à piller les bibliothèques d’ouvrages d’histoires et de théologie, ainsi qu’à dévorer les médias qui traitaient, de près ou de loin, ces divers sujets. Ah oui, internet avait commencé à balbutier dans l’antre familial, et mon ouverture d’esprit corrélativement ! Vous devinez ce qui va se passer ? Eh bien oui ! J’ai bien sûr découvert dans un premier temps des films comme ”Le nom de la rose” ou ”Les ailes du désir”, et comme par hasard, ce bon vieux Seven a repointé le bout de son nez au détour d’une de mes recherches en me narguant fièrement de son affiche cramoisie ! Que pouvais-je faire ? Comme je vous l’ai dit, mes préjugés avaient déjà commencé à bien s’effriter depuis lors. Par ailleurs, la Toile n’était pas en panne d’éloge sur cette œuvre et des acteurs comme Brad Pitt et Morgan Freeman ne m’était plus inconnu non plus… Donc, je fixais mes oeillères afin d’occulter le passé et je pris fébrilement la décision de le visionner, même si la réminiscence de cette embarrassante causette est revenue insidieusement me hanter plusieurs fois à seule fin de me culpabiliser…


La découverte de SEVEN


Bon, est-ce vraiment nécessaire que je développe mon impression au vu de la note située en bas de cette chronique ? Allez, je me lance, de sorte qu’on ne puisse pas me reprocher de n’avoir véritablement parlé de Seven… Quelle baffe ai-je reçue ! Une machiavélique enquête diablement réalisée aux tréfonds obscurs d’une métropole calamiteuse dans laquelle se débat désespérément d’innombrables âmes tourmentées jusqu’à ce final époustouflant qui restera gravée à jamais dans mon esprit ! DAVID FINCHER s’est imprimé en lettre d’or au sein du petit registre enfoui dans la partie culturelle de mon cortex cérébral ! SEVEN s’inscrivit à jamais dans mon panthéon des Thrillers cinématographiques, bien maigre à l’époque, mais qui depuis s’est étoffé grâce à son impulsion salvatrice... Et, surtout, outre le fait d’avoir été une bonne source d’inspiration en me permettant aussi de découvrir un acteur que je respecte, Kevin Spacey, il me donna furieusement envie de déguster une Œuvre poétique dantesque qui trône dans mon Top 10 littératures, ”La divine Comédie”… Et telle une petite caillasse qui dégringole du pic de la montagne jusqu’à sa base buissonneuse, je me mis en devoir de rattraper les années perdues de ma gargantuesque déficience culturelle…


Quelle leçon en ai-je retirée ? Eh bien ! Sans doute, moi aussi, ai-je été un bien grand pécheur en me laissant guider par mes préjugés tout en jugeant dans la plus simple ignorance…


Au fait, aujourd’hui, j’aime bien me poser au fond de mon canapé, dans les ténèbres de fins de journée, pour frissonner devant un film d’horreur ensanglanté… Oui, j’ai changé, cela va sans dire !

Karaziel
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le 7 déc. 2014

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Karaziel

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