Précisons à toutes fins utiles que Sex Trip n'est pas son titre original, c'est Euro Trip. C’est pour me faire un semblant de crédibilité que je précise. Un film neo-teen-movie sur l’importance du lien entre des adolescents qui se raccrochent à leur amitié dans une quête folle du désir poursuivi en vain à travers les unités géographiques.
(C’est pour faire croire que je suis un homme qui regarde des films sérieux)
Oui, donc, c’est une bande d’amis qui va parcourir l'Europe pour que l'un d'entre eux rencontre sa correspondante avec qui il espère un peu plus que des chastes échanges écrits. En chemin (haha), ils vont rencontrer des hooligans anglais, se battre contre un mime français, trouver certains plaisirs enfumés à Amsterdam, et j'en passe. Les charmes de l’Europe en quelque sorte.
Oui, le film joue sur les clichés. Mais pas de façon aussi catastrophique qu’attendu. Les scénaristes ont travaillé sur la mythique série Seinfeld, ce qui est un gage de qualité, même si les deux productions n’ont rien à voir. Le film est drôle mais dans le genre pipi-caca-zizi, dans une audace totalement assumée. C’est possible. D'ailleurs, ne vous y trompez, contrairement à ce que son titre français pourrait faire suggérer, on voit plus de pénis que d'attributs féminins, la faute à une célèbre scène se déroulant dans le Nord de la France.
Et visiblement il y a beaucoup de pénis en liberté dans le Nord de la France selon certains scénaristes américains qui ont dû passer des vacances curieuses par chez nous.
C’est cliché et caricatural, mais pas dans la mièvrerie romantique d’Un Américain à Paris, par exemple.
Il y a même un travail soigné dans la reconstitution des décors, on pourrait jurer se retrouver dans les véritables lieux traversés. J'ai été déçu de vérifier que tout avait été tourné dans des décors d'Europe de l'Est, y compris les scènes à Paris.
Quelques célébrités ont accepté de jouer des rôles secondaires à côté des petits jeunots, dont la charmante Kristin Kreuk en petite amie peu fidèle, Matt Damon en chanteur de rock qui ne cache pas ses frasques (la chanson Scottie doesn't know en fil rouge du film est entraînante) ou Lucy Lawless (Xena, évidemment) en maîtresse SM. Ce n’est pas pour le petit clin d’oeil, chacun est intégré à l’histoire, parfois de belle façon, ce qui rassure sur le sérieux du film.
La bande-son est d’ailleurs éclectique, surprenante et de bonne qualité. Du côté françophone, on trouve My generation et Nonchalant de Chapeaumelon, Les promesses de Autour de Lucie, Prosper de Maurice Chevalier et Ca plane pour moi de Plastic Bertrand. C’est assez rare d’entendre autant de titres en français dans une production américaine. Il y a d’autres surprises pour les autres pays. Pour l’anecdote qui dépasse le cadre du film, la chanson Scottie doesn’t know est devenue célèbre en Australie en septembre 2018 quand a été détournée par des hackers sur le site du premier ministre Scott Morrisson.
L’Europe vue par les Américains, avec sa dose de clichés et de gras, son titre inquiétant de lourdeur annoncée, et pourtant Euro Trip est assez drôle. Le film est la suite de Road Trip qui est à mon sens moins réussi. Je ne dois pas être le seul à apprécier ce film, puisqu'il se paye une moyenne générale globalement bonne sur IMDB ou sur Senscritique, ce qui n’est pas si mal pour un teen-movie à l'américaine. Pour le bien du spectateur, ce dernier appréciera de se payer quelques bonnes tranches de rire plutôt que de se cogner la tête contre le mur de désespoir.