She's dealing with the raccoons, man.

C'est toujours difficile de juger un premier film : moins d'expérience, plus de fraîcheur, moins de maîtrise, plus d'originalité. On devrait les considérer en étant moins exigeants sur la forme, et plus le fond ; bon, on pourrait aussi les juger comme des films normaux de réals avec dix ans de métier ; là, beaucoup boiraient la tasse, mais certainement pas John Cassavetes.

Sur fond d'histoire d'amour impossible entre une jeune noire à la peau claire et un homme blanc - à la peau tout aussi claire -, drame courant à cette époque, le réalisateur suit les déboires d'une fratrie afro-américaine plus ou moins artiste, qui essaie de trouver sa place dans le monde.
Et le scénario s'arrête là, puisque tout ce qui suivra découlera de l'improvisation des comédiens ; si le résultat final manque d'une subtilité inhérente à une écriture plus réfléchie, le dynamisme et la conviction des acteurs, tous excellents et notamment le couple susmentionné, portent le film, qui a l'intelligence d'être assez court pour ne pas permettre à qui n'est pas pris dans l'histoire de piquer du nez.
A côté de son idée de départ plutôt couillue de laisser champ libre à ses comédiens, et qui sera sa future marque de fabrique, Cassavetes donne déjà à voir les prémices d'un don pour la mise en scène, avec des angles de caméra expressifs aux possible et de magnifiques plans serrés sur ses acteurs. Rajoutez aussi une bande-son unique, principalement à base de jazz, des seconds rôles concernés et la sensation de voir les balbutiements d'un grand réalisateur, et vous obtenez un sacré film.
lucasstagnette
7
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le 4 août 2011

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Lucas Stagnette

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