Un univers fermé, celui de l'aile des servantes du palais, et de rares incursions prohibées donc furtives chez les hommes.
Une hiérarchie draconienne et distante, de la soumission, de la crainte, bien évidemment des tensions, jalousies, mesquineries et coups bas. Une manière d’atmosphère de couvent. L'interdiction de fréquenter des hommes. A fortiori d'être enceinte.
Beaucoup de cruauté(s), de la méchanceté, parce qu'on est enfermée ou parce que c'est une manière de faire valoir son statut, ou parce que c'est ainsi, voilà. L'indifférence devant la souffrance et la mort. Des tortures sans état d'âme.
Une folie refuge d'une culpabilité née de l'avidité ou simplement pour posséder quelque chose à soi. Et d'autres folies.
Du surnaturel. Ou est-ce là encore une sorte de folie entremêlée de superstition ou pour certaine une voie inconsciemment empruntée pour se dédouaner d'une horreur commise à son défendant.
Il y a une courtisane favorite et son enfant. Il y a la belle mère régente "royalement" cruelle et sans concession.
Et d'autres femmes qui, comme le souligne Jacen Likes, se ressemblent beaucoup, jusqu'à leur uniforme-vêtement, sauf un repère-accessoire distinguant les supérieures.
Et pour trame maîtresse un suicide. Une infirmière médecin qui n'y croit pas et enquête malgré les douteuses et obscures interdictions de ses supérieures, secondée par une jeune assistante, timide, tout à la fois apeurée et courageuse (joli persoannage attachant dont la candeur et la sincérité apportent une chaude lumière). Leur chef dure et radicale semble, comme d'autres, connaître bien des secrets.
Quelques incursions dans le fantastique – ou pas.
Les intrigues bien maîtrisées, un peu en forme de puzzle, épaissies de mystères, peuvent mériter un second visionnage afin de s'assurer qu'elles ont bien été comprises.
Au-delà de l'enquête criminelle, Shadows in the palace est un film d'atmosphère et sur la condition féminine en vase clos.
Photographie, mise en scène, techniques : excellemment assurées, surtout pour un premier film. De beaux jeux de lumière. Décors : majoritairement sobres, et pour cause, réalistes et beaux. Actrices : très bien. Quant aux hommes, à part un, se sont essentiellement des figurants.
A noter que l'équipe du film est constituée exclusivement de femmes.