Un sujet qui ne m'intéressait pas tant. Un film dont je n'attendais pas tant, bien qu'ayant eu des échos très positifs. J'avais la volonté de l'apprécier mais je ne pensais pas cela possible...

Shame est absolument bluffant, et ce dès les premières minutes. C'est un film qui tout en prenant son temps, réussi habilement à tenir le spectateur en haleine. L'histoire d'un homme habité par une addiction au sexe, un sujet qui pourrait ne pas intéresser beaucoup de monde. Mais loin du voyeurisme auquel on pourrait s'attendre, le public est seulement placé devant les faits, comme un témoin de la vie de cet homme, dépendant de son désir et de ses pulsions.

Venons-en aux acteurs, ou devrais-je dire L'acteur : le talentueux Fassbender, dont beaucoup vantaient la performance. Mais même quand on s'y attend, on s'émerveille devant cette présence de très haut niveau et cette interprétation magistrale. Il est incroyable d'implication et de vraissemblance, à la fois charmant et effrayant, suscitant tour à tour l'inquiétude et la compassion.

Seulement voilà, son talent n'est pas un secret, l'étonnement vient d'ailleurs...

Shame, avant tout et contre toute attente, c'est Beau. Une réalisation de haute volée sur la totalité du film, des plans d'une splendeur aussi surprenante qu'inattendue.
Un homme et une femme devant une baie vitrée les séparant de l'infini.
(A ne peut-être pas lire si on a pas vu le film...)
Ces poignets en sang serrés avec amour et tension par les mains d'un frère dans l'inquiétude (l'une des plus belles scènes : divine et regorgeant de tendresse et d'émotion)
Un bras mutilé sur lequel se pose une main aimante.
(Fin)
Et même, ces images de corps nus qui s'étreignent sans amour, sous l'influence seule d'un désir brut et et éphémère.

Sans pouvoir nous laisser indifférent, Shame saura avec une douce lenteur nous dresser le délicat portrait d'un homme dépendant et malheureux. Ce film nous passionne, nous émerveille, et nous frappe de par son sujet, et surtout par sa façon de le mettre en scène.
emmanazoe

Écrit par

Critique lue 4.4K fois

65

D'autres avis sur Shame

Shame
Chaiev
3

Branle bas de combat

Donc après le trip ces pauvres flics (Polisse), ces pauvres handicapés (Intouchables), ces pauvres danseuses (Black Swan), ces pauvres bègues ( Le Discours d'un roi), ces pauvres dépressifs...

le 14 déc. 2011

192 j'aime

128

Shame
Velvetman
9

American psycho

Au coin de l’une des ruelles d’un New York translucide, le précipice est devant ses yeux. Ce quotidien morne et insensible, sonne les carillons aux heures attendues. Puis vint le coup de téléphone,...

le 19 févr. 2015

144 j'aime

9

Shame
DjeeVanCleef
10

New York New York

Ne jamais baisser les yeux. Plongée profonde dans les entrailles de la bête s'oubliant au tourbillon intense des plus bas instincts. Métronome pulsionnel, celui du bas-ventre, quotidien d'un fantôme,...

le 9 juin 2013

141 j'aime

57

Du même critique

Oslo, 31 août
emmanazoe
9

L'impression d'avoir rencontré quelqu'un...

Oslo, 31 août n'est pas un moment de cinéma comme un autre. Tout d'abord, rien que son titre, son affiche (très belle affiche !), et sa bande-annonce suggèrent un film assez énigmatique. Qui sait...

le 27 avr. 2012

114 j'aime

16

L'Incompris
emmanazoe
10

Lorsqu'on ne peut que pleurer...

Difficile de trouver des mots pour parler d'un tel film. Aucun argument ne semble avoir de valeur face à ce chef-d'œuvre. Ce film a ce qu'il faut d'inexplicable pour être placé sur un piédestal et...

le 10 mai 2012

73 j'aime

9

Samsara
emmanazoe
9

Une larme a coulé sur la joue de cette geisha comme une autre a coulé sur la mienne…

Il m’est déjà arrivé de pleurer au cinéma sans savoir pourquoi. Il m’est déjà arrivé d’être émue par la perfection d’un plan, d’une image. Mais là, et je peux le dire, j’ai vraiment et simplement...

le 29 avr. 2013

72 j'aime

19