Shampoo est une petite comédie de moeurs qui sue les hippies et l'ère post-68. On a un film sur un coiffeur qui est censé être une légère comédie mais j'y vois surtout une façade pour parler d'enjeux bien plus dramatiques.


Mais justement, l'alternance entre légèreté symbolisée par ce coiffeur hippie qui se fait refuser un prêt à la banque (en même temps, quel coiffeur homme n'est pas gay??????? trop une raison de pas donner un prêt ça!!! en plus il est hippie lol, bref, vive les 70's jusqu'au bout) et les scènes pesantes qui se matérialisent par l'enjeu politique des élections de Nixon font que le film est un peu demi-molle. On sait pas trop si ça doit faire comédie de moeurs ou portrait d'une Amérique en plein bouleversement.


Mais à côté de ça, le film va assez loin dans les deux directions qu'il entreprend, ce qui lui donne un réel intérêt:
Pour le côté humoristique d'abord, on a ce trait de caractère nymphomane chez George (le coiffeur) qui rend l'histoire assez drôle, attachante, on veut savoir combien de coups il va tirer quoi. Ça amène des gag amusants, je retiens notamment la scène de la salle de bain où il s'apprête à faire un one-shot mais le mari (qui doit financer son futur salon) revient, alors qu'il le croit gay... même scène où il sort de la salle de bain de la fille de sa cliente... c'est subversif et étrange quand même... bref, ça fonctionnait bien!
Mais alors quand le côté politique arrive, c'est d'un louuuuuuuuuuurd. Certes, ça justifie le dernier segment du film où il parlera avec le financier, une fois les masques tombés, appuyant sur une division sociale, philosophique de la société américaine (hippie vs Wall Street vous avez capté). Et même si c'est un peu cliché, cette scène où George pense qu'il va se faire tabasser, elle fonctionne, la caméra dessert bien cette idée, elle est construite pendant tout le film quoi!


Et enfin, ça m'amène à parler du coeur du film selon moi: la quête de sens de cet homme, terriblement triste au final. On parle quand même d'un mec qui est devenu coiffeur parce qu'il les "baisait toutes" et du coup, bah à l'école de coiffure puis au salon, il voyait ces femmes sublimes, il était près d'elles, il les baisait ensuite! Le pessimisme peut alors survenir: ce désir d'hédonisme, de "faire l'amour pour le fun, pas pour l'argent', ça a des limites quand il est question de réfléchir une vie sur le long terme. Et la fin le montre bien: George, c'est une bûche de Noël, on l'apprécie une fois dans l'année mais pas tous les jours, on veut pas faire sa vie avec une bûche de Noël, même si c'est plus stylé que des carottes. Puis les scènes qui explicitent son caractère le rendent vraiment méprisant quoi, dans le salon où il est toujours débordé, ça donne pas envie de l'épouser ou autre....


Bref, le côté politique était un peu trop lourd, surtout avec ces scènes mondaines qui illustrent très lourdement le décalage de mode de vie, on aurait pu mieux faire Hal. Mais juste pour la scène de la femme qui se met à sucer George devant le sénateur et les amants de tout le monde, booooon, pourquoi pas!
En tout cas une chose est sûre, c'est un plongeon dans les 70's de la côte ouest authentique!

morenoxxx
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le 17 déc. 2020

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morenoxxx

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