Jackie Chan en tête d'un film sympathique entre la féerie d'un feu d'artifice chinois et la bonhomie d'un feu de camps de l'Ouest sauvage.
Jackie Chan est un amuseur public à Hongkong. Malheureusement, depuis qu'il a élu domicile aux Etats-Unis, il ne rencontre plus le même engouement pour ses pitreries. Et c'est fort dommage, car ce «Shanghai Kid» relève de la bonne comédie d'aventure.
«Shanghai Kid» s'amuse à télescoper deux mondes totalement opposés. Le personnage principal (Jackie Chan), un garde impérial de la Chine du siècle dernier, évolue dans l'Amérique des cow-boys et des Indiens. Il a pour mission de ramener saine et sauve une princesse enlevée par un ancien familier de L'empereur. Sur place, il se marie avec la fille du chef peau rouge de la région et rencontre un hors-la-loi impétueux. Ensemble ils vont former un duo improbable mais efficace.
Le décalage créé par ce soldat chinois dans un univers qui lui est complètement inconnu donne lieu à des séquences très drôles comme le mariage indien ou la scène des tomahawks. Et Jackie Chan joue sans cesse sur ce décalage par ses galipettes toujours impeccables et ses mimiques inimitables, en virevoltant comme un beau diable et en piquant des fous rires pendant les situations les plus dramatiques. Ce décalage, qui fait l'essence même du film, se retrouve aussi dans les costumes, les décors et la mise en scène. «Shanghai Kid» rend un bel hommage aux westerns de série B qui étaient projetés en deuxième partie des grands films hollywoodiens à la période d'or des grands studios américains. Les paysages de l'Ouest profond redeviennent, l'instant de ce divertissement, les souvenirs de notre enfance passés devant «La Dernière Séance» d'Eddy Mitchell. Les duels lorgnent gentiment du côté de Sergio Leone et Clint Eastwood semble embusqué dans un bosquet, donnant tous les conseils nécessaires à Jackie Chan pour en faire un vrai cow-boy.
Mais le western ne se limitant pas à une carte postale et à des cache-poussière mais aussi à une ambiance musicale reconnaissable au premier abord, le compositeur Randy Edelman se fait un malin plaisir à revisiter le mythe de la musique de ce genre typiquement US. Il ressort toute une batterie d'harmonicas, violons et autres guimbardes qu'ils confrontent à des instruments chinois. Le mixage final est une petite merveille d'humour musical et de nostalgie.
Sans ne jamais vraiment se prendre au sérieux, «Shanghai Kid» fait figure d'un bon petit film à voir entre amis, comme une «Madeleine de Proust» qui nous ramènerait dans le terrain vague du quartier où l'on jouait aux cow-boys et au Indiens.