Élémentaire, mais pas que
Sherlock Holmes, ou l'histoire d'un film que j'avais pas envie de voir.
Vous savez, c'est l'un de ces films que vous ne sentez pas.
Y'a des mecs qui ont bon goût et qui vous ont dit que c'était pas terrible.
Y'a des mecs qui ont bien aimé, mais ils trouvent que Transformers c'est cool.
Entre ça et le potentiel d'Hollywood à pourrir l'image d'un héros issu de la littérature, bof bof quoi.
Et puis le Blu-Ray m'a fait un sourire, depuis les étagères du Comité d'Entreprise.
Je me suis rappelé qu'un jour, j'avais vu Vercingétorix au cinéma (oui oui, cette chose avec Christophe Lambert) et que depuis j'avais acquis une résistance supérieure aux bouses.
Alors j'ai foncé.
Les premières minutes sont déstabilisantes.
Dans mes souvenirs, Sherlock était certes amateur de boxe française dans les bouquins, il utilisait certes sa capacité d'analyse pour compenser une force physique peut-être un peu moindre que ses adversaires, mais ce n'était quand même pas un cyborg doté d'une IRM dans chaque oeil.
Il ne passait pas uniquement ses journées enfermé dans son bureau, mais il n'allait pas non plus infiltrer des souterrains remplis de gardes tel un James Bond ninja.
Et surtout, il n'était pas accompagné d'un Watson qui lui faisait de la concurrence en terme de bogossitude.
Bref, on est directement mis dans un contexte un peu différent de celui auquel on peut s'attendre au vu des précédentes adaptations.
Ce n'est pas nécessairement mauvais, mais en tout cas étonnant.
En revanche, on est rapidement entourés d'une ambiance glauque/brumeuse et d'éléments fantastiques/surnaturels qui, eux, sont fréquemment présents dans les livres et pas (toujours) repris dans les précédents films/dessins animés.
Et ça, ça fait bien plaisir.
Après cette séquence en intérieur, on se trouve donc rapidement confrontés à l'un des éléments forts de cet opus :
les décors sont sublimes.
Et non seulement ils sont beaux, mais ils rendent bien l'atmosphère londonienne du XIXe siècle ou en tout cas l'idée que je m'en fais.
L'architecture est omniprésente, très représentative de l'Europe industrielle, et on appréciera notamment le majestueux Tower Bridge en pleine construction.
On visitera quelques lieux emblématiques du vieux Londres, et l'on aura en outre droit à une scène sur les docks très classique mais bien dans le ton.
La bande originale n'est pas en reste même si elle devient parfois un peu envahissante, elle restitue un cachet bienvenu, à des lieues des instrumentaux insipides qu'on subit dans certains films "historiques" ou "en costumes".
D'ailleurs il n'y a pas de mystère, c'est le très bon Hans Zimmer derrière, qui avait déjà composé pour Pirates des Caraïbes.
Je trouve également le personnage de Sherlock Holmes bien rendu.
Arrogant, délabré, génial, attachant, ambivalent.
La relation avec Irène est symptomatique de la supposée homosexualité de Holmes, n'en déplaise aux héritiers Conan Doyle.
Bien sûr la psychologie aurait pu être plus poussée, mais le film fait déjà 2h et je ne doute pas que cela sera approfondi au cours des inévitables suites.
Les personnages secondaires héritent d'un traitement tout à fait honorable, et on en viendra presque à regretter que Mary soit cantonnée au rôle de faire-valoir.
Les deux heures ne paraissent pas longues, une fois qu'on est dans le rythme du film tout est plutôt fluide.
Hormis quelques invraisemblances (spéciale dédicace au mec dans sa baignoire, qui sait qu'un tueur psychopathe surnaturel le recherche, et qui n'est pas affolé par 12 chandelles qui s'éteignent d'un seul coup), l'intrigue se tient bien.
Alors y'a des explosions un peu de partout, certains "rebondissements" sont tellement convenus qu'on en pleurerait, mais j'ai passé un bon moment.