Sherlock Holmes par Guillaume Auguet
Sherlock Holmes est probablement le personnage littéraire qui a été le plus de fois adapté au cinéma. De Sherlock Holmes Baffled en 1900, film muet à Sherlock Holmes de Guy Ritchie de 2009, ce personnage fictif apparait dans plus de 260 films. On connait surtout les performances d’acteur de Basil Rathbone ou encore de Peter Cushing dans le rôle du détective conseil, on se demande donc quelle place va prendre le talentueux Robert Downey Jr. dans la longue liste des interprètes de Sherlock Holmes. De plus, avec le réalisateur de Rock’n'Rolla, Guy Ritchie, on pouvait se demander quelle vision de Sherlock Holmes allait-on avoir. Une vision plus classique ou moderne? Certains ont critiqué le choix de cette « modernisation » de Sherlock Holmes, mais on verra qu’elle est au final bien plus proche de la vision originale de Sir Arthur Conan Doyle, l’auteur des quatre livres et des cinquante-six nouvelles qui forment le canon holmésien.
Sans résumer le film, on peut dire que le scénario est solide et bien construit, tout nous est montré pendant le film, mais tout s’éclaire à la fin, avec les explications de Sherlock. On rentre dans l’action du film dès la première scène où Sherlock et son complice Watson tentent d’arrêter le rituel sacrificiel orchestré par Lord Blackwood. Il y a une chose incontournable dans ce film, et il s’agit de la façon dont Holmes prévoit un combat dans sa tête en pensant exactement où frapper et comment pour neutraliser son adversaire. Ces séquences de préparations mentales sont sublimées par les caméras utilisées lors du tournage qui permettent des ralentis extrêmes qui nous permettent de visualiser le cheminement de la pensée de Sherlock. On peut remarquer que le film a comme atout non négligeable ses deux acteurs principaux : Robert Downey Jr. dans le rôle de Sherlock Holmes et Jude Law en Dr. Watson. C’est un duo qui à mes yeux fonctionne exceptionnellement malgré une relation entre les deux personnages quelque peu confuse et parsemée d’humour ! Le grand méchant du film, à savoir Lord Blackwood, campé par Mark Strong nous surprend par son jeu d’une grande qualité. C’est à croire que les rôles de méchants lui conviennent parfaitement car il continue sur sa lancée dans Robin des Bois de Ridley Scott, et Kick Ass de Matthew Vaughn. Il faut remarquer également la présence de la belle Rachel McAdams qui incarne Irene Adler, qui dans ce film est au service du mystérieux professeur James Moriarty.
Pour ce qui est du travail d’adaptation, on peut remarquer un grand effort de précision par rapport aux écrits de Sir Conan Doyle. Pour ce qui est des grandes lignes, Holmes et Watson habitent bien au 221B Baker Street à Londres, sont logés par Mrs. Hudson, Watson est un docteur et Holmes un génie. Mais pour les détails, notons la présence du chien de Watson, Gladstone, qui subit inlassablement les expérimentations de Sherlock. Dans le premier roman de Sherlock Holmes, « Une Etude en Rouge », lors de la rencontre entre Holmes et Watson avant qu’ils n’emménagent au 221B, Watson mentionne qu’il a un bouledogue. Un petit détail conservé pour le film. Un autre petit détail, quand Holmes inscrit sur le mur de sa salle les lettres VR (Victoria Regina) avec son pistolet, c’est un clin d’oeil à la nouvelle « Le Rituel des Musgrave », où Watson décrit l’état du mur en indiquant que Holmes y a inscrit ces lettres avec son pistolet. Le côté fou de Holmes est lui aussi gardé ce qui n’était pas le cas des adaptations précédentes. Holmes au cours film boit une « solution de chirurgie oculaire » dixit Watson, ce qui n’est en fait que de la cocaïne, ce qui correspond bien au Holmes des romans, qui est un cocaïnomane notoire. Certains vont critiquer le modernisme de cette adaptation et l’attitude d’un Holmes plus bagarreur qu’auparavant. Pourtant, dans les romans, Holmes sait se battre! Il maitrise le « Baritsu », maitrise de combat Japonaise que Sherlock mentionne dans la nouvelle « La Maison Vide ». C’est donc pour moi, une vision plus proche de ce que voyait Sir Conan Doyle dans son personnage de Sherlock Holmes.
Il faut remarquer également du côté de la réalisation quelques effets de caméra assez intéressants tout au long du film, et Guy Ritchie prouve ainsi qu’il est un bon réalisateur à la fois classique et innovant. Et j’allais l’oublier, un CHEF D’OEUVRE musical signé Hans Zimmer, qui lui par contre n’a plus à prouver son talent en tant que compositeur. Un style très tzigane à la musique qui donne une ambiance spéciale à ce Sherlock Holmes quelque peu bohème. Pour ce qui est des décors, les environnements de Londres de la fin du XIXe siècle sont parfaits et nous plongent littéralement dans cette époque. On sent le foisonnement des rues et une ambiance fumeuse, qui reflète la prolifération des machines à vapeur à l’époque. Je noterais aussi une touche de steampunk dans la technologie de Blackwood qui n’est pas sans déplaire.
Pour conclure, Sherlock Holmes de Guy Ritchie constitue pour moi un divertissement excellent, avec des acteurs excellents, une musique excellente, et est également, contrairement aux critiques sur une vision trop moderne du personnage, une des meilleures adaptations de Sherlock Holmes que l’on a pu voir au cinéma. Un petit coup de coeur pour Robert Downey Jr. qui continue de nous émerveiller également avec le rôle de Tony Stark dans la série des Iron Man et plus récemment dans le film Avengers. Un film à voir et sa suite, Sherlock Holmes A Game of Shadows, que je recommande également !
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