Le plaisir : un drame d'aujourd'hui
Shortbus est un film étrange. Déjà on voit beaucoup de pénis. Donc entre ça et un bon vieux disney, optez le disney si c'est à destination d'enfants que vous lancez le film. Ensuite ben ça bave l'indie à plein nez ; ça se ressent dans les décors, les cadrages, les gueules d'acteurs, etc.
La mise en scène est plutôt sympa en soi : c'est propre, c'est lisible, le réalisateur emploie bien la caméra et parvient même à éviter les sautes d'axe au cours des orgies (non là je blague). Les effets spéciaux sont assez sympas je trouve. Il y a un côté carton numérisé qui fait cheap, j'aime. En fait, il n'y a pas grand chose à dire, c'est bien filmé. Le casting est sympa aussi! J'imagine que ça n'a pas été simple de trouver un mec capable de mettre son propre gland en bouche.
C'est dans l'histoire que j'ai le plus de problème. Déjà pourquoi ne pas s'être concentré sur un seul cas? Ou au contraire, aborder plus de personnages. En fait, je trouve que soit y en a trop soit pas assez ; limiter à ce nombre de personnages ne permet pas de brosser un large pannel, ça restreint, donc il n'y a pas ce sentiment d'universalité comme dans les films chorales, et en plus ça empêche la focalisation sur un problème particulier.
J'ai trouvé James le plus intéressant du film : ses problèmes de couple, de vie, sont traités avec plus d'inventivité, plus d'idées nouvelles, comme si l'auteur puisait dans sa propre expérience : on a l'impression que John Cameron sait de quoi il parle. La petite asiatique est bien mignonne mais son histoire me semble superficielle et déjà surfaite pour les mêmes raisons, c'est-à-dire que notre réalisateur semble ne pas savoir de quoi il parle. C'est donc dommage de voir l'histoire la plus sincère parasitée par d'autres intrigues rarement intéressantes. Il y a aussi cette métaphore sur le banc qui me semble un peu facile et mal amenée.
La conclusion est plutôt triste. Ca ce n'est pas un problème en soi, je trouve juste intéressant d'en parler. De ce que j'en ai compris, pour l'auteur, la quête du plaisir est avant tout une quête solitaire. Le partenaire n'est là que comme extension de son propre corps. Et malheureusement on ne trouve pas toujours ce bonheur. Intéressant, je trouve.
Bref Shortbus est un film sur le plaisir. C'est un sujet audacieux et le réalisateur semble prêt à faire fi des tabous. Malheureusement, je trouve qu'il s'y est mal pris, que l'histoire intéressante du film est gâchée par les autres. Ca reste tout de même un agréable divertissement.