J’ai adoré LA DERNIERE PISTE, CERTAINES FEMMES et FIRST COW mais il faut avouer que le cinéma de Kelly Reichardt est exigeant, un peu anti-spectaculaire et pas destiné à tout le monde. Le gros problème de son nouveau film est d’avoir été en compétition à Cannes, ce qui présageait d’une ampleur, sinon cinématographique, au moins thématique et émotionnelle. C’est raté. La réalisatrice dresse un portrait d’artiste désabusée, très solitaire, peu aimable, irritée et irritable, qui m’a empêché d’adhérer à ses idées, ses humeurs et d’être intéressé par ses soucis. Entre l’eau chaude à réparer et le pauvre oiseau qui débarque chez elle, Lizzie est débordée et ne peut se consacrer à la préparation de son exposition. Certes, la réalisatrice est l’une des rares à filmer les désagréments de la vie qui empêchent les artistes à se consacrer à leur art en toute tranquillité. Son film n’en demeure pas moins neurasthénique et rarement trépidant, faute de grande scène, de grand événement ou chamboulement.


Là où Reichardt s’en sort le mieux c’est dans la description d’une artiste malheureuse, qui néglige sa vie pour mieux pratiquer son art. Entre son père qui la néglige, sa mère qui l’ignore, son frère qui se prend pour un génie et sa voisine arrogante et guère talentueuse, Lizzie n’est pas bien entourée et se mure donc dans son travail. Il y a donc une vraie mélancolie qui s’installe dans le long-métrage par touches successives. Reichardt opte pour des travellings assez beaux à l’intérieur de l’appartement de Lizzie ou dans les rues, soigne sa photographie (délavée ou solaire selon l’humeur), parvient à faire sourire dans quelques scènes, aidée par le formidable duo formé par Michelle Williams et Hong Chau, qui donne lieu à quelques savoureux moments sur la compétition entre artistes. Le film est malheureusement trop anecdotique, trop superficiel, trop planant et lent, pour convaincre totalement et ne pas provoquer quelques bâillements.

lucaslm98
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le 8 juin 2023

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