Il est plus stimulant d'avoir deux théories sur ce super film, et c'est cette dualité-là qui en fait d'ailleurs le charme et le génie. Moins probable que la théorie qui dit que Teddy Daniels = Andrew Laddies, il y en a tout de même une deuxième, qui n'en est pas moins intéressante. (Je ne reviendrai pas sur la théorie principale, qui est largement détaillée dans d'autres critiques).
!SPOIL!
Il faut partir du principe qu'à Shutter Island, une prison psychiatrique de haute sécurité, règne un omerta sur les pratiques douteuses et lobotomisantes qui ont lieu sur les patients. Le directeur et les médecins sont défavorables à la visite d'un inspecteur fédéral.
Très défavorables. Quitte à faire en sorte que Teddy ne reparte jamais de cette île.
I . Les références aux camps nazis :
1) Posons le décor : Shutter Island, cette ile inquiétante, avec une mer grise au meilleur de sa forme, où même les sapins font flipper. Bref, des nuances de gris de partout , et sans parler que de la roche, mais aussi des barbelés (mmmh...), des hommes armés en uniformes (mmmh...), des tourelles gris foncés (mmmh...) et même des trois bâtiments (A pour les femmes, B pour les hommes et C pour les plus fous).. Mmmmh ça fait quand même carrément penser aux camps de concentration dans lesquels étaient séparés les déportés en plusieurs bâtiments. Bref, on se sent hyper oppressés au possible et tout est fait, même la musique pour nous faire éprouver du danger.
2) On ne peut s'empêcher de remarquer les similitudes entre le directeur de la prison et le furher, pour n'en pas dire le nom : dans le fait que le statut du directeur soit le plus élevé de l'île, dans l'uniforme qu'il porte également et même dans le comportement inquiétant de ce dernier : il y a presque, dans cette scène dans la voiture avec Teddy Daniels, une sorte de complicité dérangeante qui ne fait pas penser que Teddy puisse être le 67eme patient.
3) Cette identification du Furher est partagée avec le vieux docteur Naehring, qui écoute son Wagner. Il est allemand et en garde un gros accent. Ses références à la guerre et aux tests sur le cerveau humain le fascinent, comme les nazis en 39-45. Ce qui laisse à penser que les intentions de l'hôpital psychiatrique ne sont pas tant louables...
4) Bon, on peut comprendre à ce stade que Teddy Daniels soit assailli par ses souvenirs de sauvetage des camps de concentration, qui d'ailleurs sont les seuls souvenirs réalistes (qui ne partent pas en couille quoi). Peut-être parce que ce sont les seuls souvenirs vrais et que les autres sont une sorte de délire ? On peut imaginer qu'il s'identifie à son passé sauf que cette fois, il risque de se trouver de l'autre côté, en temps que prisonnier, voire cobaye.
II.Les apparitions et comportements des personnages
1) L'acolyte : le flic sensé accompagner Teddy Daniels n'est pas vraiment flic. On le voit à la maladresse dont il fait preuve avec son arme. Il peut tout à fait se faire passer pour un flic afin de mettre Teddy en confiance et surveiller ses faits et gestes pour qu'aucune fuite n'ai lieu hors de l'île. C'est quand les detenus commencent à éveiller ses soupçons sur ce qu'il se passe réellement sur cette île que les ennuis commencent pour Teddy... Le grand vizir de la prison le retrouvera d'ailleurs immédiatement dans la tempête.
2) On ne se cachera pas qu'il est un petit peu difficile d'expliquer la scène de la grotte dans la falaise, si on part de la théorie où le protagoniste joué par DiCaprio serait fou. La seule explication serait de dire "ce n'est qu'un délire". Et si cette scène était vraie ? Si Rachel Solando disait vrai en affirmant que l'eau est empoisonnée, ainsi que les cigarettes.... Il y a eu effet une cohérence entre la consommation de Teddy des ressources de l'île et l'apparition de ses délires. La vraie Rachel Solando lui dit d'ailleurs "vous êtes plus fin que vous en avez l'air... Ça n'est certainement pas une bonne chose".
3) Selon la théorie populaire, quand Teddy dit "vivre en monstre ou mourir en homme de bien" ? Ici, Teddy peut tout à fait ne parler que de lui : en monstre qui respire comme en condamné qui a une prise de conscience. Si on en croit la théorie qui affirme qu'il n'est pas fou, on peut imaginer qu'il se sait condamné, en homme de bien, et qu'il envoie un message en se comparant aux monstres qui l'assassinent.
III. Les paramètres logiques
A) Quand Teddy Daniels menace l'équipe qu'il va rentrer sur la côte pour faire un rapport le soir de la tempete, les ennuis commencent. Le personnel sur l'île ne lui permet pas de joindre le médecin, ni de repartir. Se seraient-ils installés sur une île souvent inaccessible à cause des conditions météo par hasard ou par stratégie ?
B) La dame qu'il interroge au début du film (celle qui a l'air la plus normale) répète mot pour mot ce qu'on lui a demandé par rapport à Rachel Solando. Elle inscrit aussi le mot "RUN" sur une page, comme pour prévenir du danger. Le fait que son verre disparaisse de sa main peut être du au fait que Teddy Daniels a déjà commencé à consommer des produits fournis par l'île et qui lui donnent des hallucinations (les cigarettes par son équipier).
Par rapport aux interrogatoires, on a le sentiment qu'il en est de même pour le cuisto, quand il interroge le personnel auparavant.
C) après la première tempête ou Daniels et son coéquipier se retrouvent pris dans la tempête, on leur fournit des vêtements secs qui ressemblent énormément aux tenues basiques du personnel soigants, voire de patients en hôpital psychiatrique. C'est une scène symbolique qui commence déjà à les faire passer de l'autre côté.
D) Si Daniels est bel et bien fou, c'est quand même assez improbable qu'on le laisse se promener sur l'île, un peu partout, avec un seul coéquipier non ?