Le premier long-métrage de la franco-arménienne Nora Martirosyan, Si le vent tombe, a obtenu le label Festival de Cannes 2020 et fait partie de la sélection de cette année de l'ACID. De bonne augure pour ce film qui nous emporte dans un pays étrange, une république autoproclamée de Transcaucasie, qui n'existe pas aux yeux du monde puisque reconnue par aucun pays de l'ONU : le Haut-Karabagh. La guerre y a pourtant sévi entre l'Arménie et l’Azerbaïdjan et le cessez-le-feu y est bien précaire. La réalisatrice aborde la situation de cette contrée par le biais de la fiction, en introduisant un auditeur français en mission, venu expertiser l'aéroport local où aucun vol n'atterrit encore. En parallèle et à proximité, le film nous livre des bribes du quotidien de ses habitants, parmi les plus modestes, et notamment un jeune garçon qui gagne sa vie en vendant de l'eau potable. SI le film capte assez bien le côté "absurde" de l'identité du pays, il manque désespérément de rythme, au fil d'un récit plus axé sur la contemplation que sur une quelconque progression dramatique. Quoique ce ne soit pas entièrement vrai mais il y a trop de subtilité, d'une certaine façon, dans la manière qu'a Nora Martirosyan de lier les différents arcs narratifs. Non que Si le vent tombe soit particulièrement exigeant mais il demande malgré tout de s'abandonner un peu à une sorte d'illustration abstraite et lancinante. Le jeu de Grégoire Colin, introspectif et relativement inexpressif, empêche hélas de s'investir davantage dans un film qu'on souhaiterait vraiment apprécier à la juste valeur de ses ambitions.