Un film d'héroïne

Parfois après avoir regardé une série de films d'auteur ou des années 1950 on se dit "Et si je matais un bon vieux film de flics texans qui vont chasser du mexicain passeur de cocaïne?". Puis au bout de 30 minutes c'est le regret: toujours la même chose, le même dénouement, les mêmes personnages et la même mise en scène.

Et ben pour Sicario ce n'est pas le cas. Loin d'être un chef d'oeuvre absolu, ce film se distingue de ses semblables par de nombreux plans réussis sur le plan esthétique ou des idées scénaristiques originales. La première partie du film nous montre aussi une chose à laquelle on est peu habitués: une héroïne (après tout c'est un film sur la drogue...) qui a peur, qui commet des erreurs et qui s'interroge sur son rôle. Elle se voit ainsi menée dans l'inconnu par ses deux supérieurs incarnés par un duo ultra carismatique composé de Josh Brolin et Benicio del Toro, tous deux très convaincants.

Ce point de départ permet de montrer des sentiments auxquels on a rarement droit et de préparer une question centrale du film qui est celle de la limite morale et légale des méthodes employées par la CIA. A cela, il aujouter une musique et une mise en scène très minimaliste, à l'opposé des explosions et des fusillades constantes, qui donne une tonalité très rafraichissante au film.

Malheureusement le film souffre d'un défaut majeur : son dénouement [Spoiler Alert]. Alors qu'il évite certains écueils et fait preuve d'un grand réalisme durant 1h30, la dernière demi-heure tourne au règlement de compte et à la vengence d'un seul personnage en mode Western, ce qui casse un peu tous les efforts préalables...

Malgré tout Sicario est un film solide, largement au dessus des autres films du même genre qui se font à l'heure actuelle. Une bonne petite soirée, pas trop prise de tête, avec quelques bonnes idées de mise en scène et de scénario. A recommander !