Sidonie part au Japon pour la réédition de son premier livre. Sur place, elle est accueillie par son éditeur qui l’accompagnera durant tout son séjour. C’est alors qu’Antoine, son mari décédé, apparaît tout au long de son voyage à travers le pays des fantômes.
Ce voyage au Japon, qui induit l’idée de mouvement, s’oppose à l’inertie de la mise en scène. Les plans, souvent statiques, sont traversés par de nombreuses lignes, à travers lesquelles Sidonie chemine doucement et calmement, tentant de dépasser les différentes tragédies qui ont ponctué sa vie. Des buildings, en passant par les colonnes d’un hôtel, ou aux shoji des ryokan, Sidonie y est placée entre, comme un espace de transition où le temps se suspend. Hors de sa zone de confort, elle y trouve pourtant une forme de sérénité. Son éditeur, Kenzo, devient alors un repère au beau milieu de ce parcours intérieur.
Girard s’approprie les codes d’une société japonaise réservée et impersonnelle en apparence, mais profondément spirituelle. Elle laisse respirer son personnage dans ces paysages irréels, tout en observant ses questionnements existentiels. Dans cette mise en scène épurée et distante, Girard livre un film très intime. Les plans larges soutiennent cet oxymore, isolant Sidonie dans ce pays inconnu, tout en la rapprochant de Kenzo.
Un fantôme en surimpression, des paysages qui défilent sans logique, des silences éloquents. Ces effets, aussi évidents que poétiques, transforment le voyage de Sidonie en un songe, paisible et profond. KLM