Gang In-ho est engagé comme professeur des arts dans une école située dans la ville fictive de Mujin. Il enseigne à des élèves sourds, mais découvre un sombre secret entre les élèves et plusieurs enseignants : il décide de venir en aide aux enfants avec une militante du groupe de défense des droits de l'Homme.
Ce film est basé sur un roman de Gong Ji-yeong, inspiré d'un fait réel de l'abus sexuel de masse des étudiants sourds et muets, orphelins ou de familles pauvres, de l'école de Gwangju Inhwa au début des années 2000.
Dès le début, on pénètre dans une atmosphère lourde et pesante, qui perdurera tout le long du film.
La brutalité perverse des adultes face à l’innocence des enfants sans défense, nous emmène dans un tourbillon de violence psychologique et physique. Certaines scènes d’une cruauté insoutenable, sont mises en lumière avec un tel niveau de réalisme, que l’on n’en ressort pas indemne.
La remarquable interprétation des protagonistes m’a retourné le cœur dans tous les sens. Je découvre enfin l’acteur Gong Yoo, il tient son rôle avec une extrême justesse, les enfants bouleversants à souhait, m’ont mis les larmes aux yeux.
Nous avons ici, un parfait exemple de ce profond malaise ancré dans la société coréenne : les crimes sexuels, sont traités avec plus d’indulgence que les autres crimes. Une justice corrompue, où les positions hiérarchiques élevées obtiendront toujours gain de cause.
Ce film a profondément secoué la Corée du Sud, ayant permis à toute une nation d’élever leur voix contre des agissements odieux mis sous silence pour que le procès soit relancé, tout en dénonçant une faille récurrente dans leur système judiciaire, sous forme de corruption et abus de pouvoir. L’impact était tellement fort, à tel point, que l’acteur Jang Gwang (nb. le Principal) a admis que ce rôle était extrêmement difficile à jouer, avec des répercussions néfastes sur sa vie privée, il a reçu des menaces de mort, les gens le confondaient avec son rôle de pédophile. Même sa famille portait un regard différent sur lui, quand il était en présence d’enfants. Autre anecdote : Gong Yoo s'est intéressé aux droits de l'enfant après avoir joué dans ce film. Il participe activement à diverses campagnes pour aider à promouvoir les droits des enfants.
La conclusion du procès fait froid dans le dos. Certains parents ont abandonné les poursuites suite à un arrangement financier. Sur les 6 auteurs (dont le Principal et son frère), seulement 4 ont été condamnés, et ce à des peines dérisoires. Tandis que d’autres ont encore le droit d’enseigner. Pour finir, je vous laisse avec cette citation d’un sociologue de l’Université de Sogang :
« Ce que les gens voient dans le film, est une version capsule de la société coréenne, il y a de la colère sur la façon dont les puissants intimident les faibles, sur le désespoir, sur la façon, dont le système protège les personnes bien connectées, et ce fort mépris envers les personnes handicapées ».