A être enfermés sans aucune parole avec nos doudous numériques en forme de téléphone, on oublie peut-être que les mots ont une valeur au delà du simple fait de les dire.
Qui est donc Naoko Yamada? Avant ce film j'en avais pas la moindre idée, et après le film j'ai un qualificatif qui m'est venu, comme ça, juste histoire de pas toujours faire le même rapprochement. Yamada est une sorte de nouveau "Makoro Shinkai".
Koe no katachi est une oeuvre subtilement écrite, avec un soupçon de maladresse juvénile. Mélangez ceci à de l'émotion, des visuels convaincants et saupoudrez un peu de talent par dessus. La recette est très réussi, et sans passer par la case industrielle Disney & co, cette case qui à force de nous aveugler par ses réalisations pimpantes et brillantes nous rendrait sourds à l'appel des œuvres de qualité.
Là où l'animation est toujours perçue comme un divertissement pour enfant occidentaux, l'Asie offre un havre de paix aux adultes qui ont des goûts moins conventionnels, et Koe no Katachi va nous conter une histoire atypique sans trop l'être puisque c'est un énième anime basé sur la période scolaire. Même si on veut tous y retourner, faut pas déconner. Mais bon, Kimi no na wa était sur ce même ton. Mais c'est encore cette période là, paradis à otakus perdus qui n'évoluent pas.
Toute façon qui sommes nous pour nous juger les uns les autres? Mais passons sur ces digressions sans interêt, Koe no Katachi aborde le sujet du handicap à l'école et le sujet des bourreaux des gens différents. On a tous probablement connus / vus / été la victime ou le bourreau de ces enfants qui pour peu qu'ils étaient différents étaient moqués voire frappés. Et on nous dépeins ici la rédemption d'un idiot. Mais ce n'est pas si facile, car comme disait Michel Berger le chantait "et qui gardent au fond d'eux, quelque chose qui fait mal". Mais ça n'a rien à voir non plus.
Visuellement, rarement des carpes auront été aussi belles. Blagues à part, on est dans les standards de l'animation japonaise de qualité, c'est très joli et en regardant d'où le film vient, on comprend vite pourquoi. Ce sont les amis de Kyoto qui ont encore commis une oeuvre à couper le souffle. Comme quoi, l'animation, quand elle est pas fait au kilomètre, c'est pas trop mal.
Musicalement, ça tient la route aussi, on est aussi dans des choses assez classiques dans le genre.
Mais pourquoi faudrait-il voir ce qu'un certain Eric Z. aurait certainement qualifié de japoniaiserie? Car sans être excellent, il demeure un film d'une très grande qualité, absorbant toute votre empathie pour la distribuer au long du récit entre nos protagonistes. Il pourra vous rappeler quelque fois Katawa Shoujo (le très bon VN) par la subtilité pour traiter l'absence de paroles de la part de la protagoniste. Et c'est ça la force de ce film, dès qu'il emploie des mots, il est maladroit, dès qu'il se tait, il est magnifique. Alors pourquoi se fatiguer à critiquer une création pour laquelle les mots ne sont pas assez forts? N'oublions pas que ce scénario, aussi original soit-il, ne suffit pas à en faire un chef d'oeuvre. Il manque un soupçon de folie à ce film.
N.B: a noter que la distribution en France (en avril 2018) n'est toujours pas effective. No comment...
P.S: j'ai rehaussé ma note, j'ai été beaucoup trop dur avec ce film, c'est une pure merveille. Non, ce film n'est pas d'une très grande qualité, c'est le chef d'oeuvre de Naoko Yamada et je m'excuse de ne pas l'avoir dit plus tôt.