Sinister par FlorianCompain
Quand le réalisateur de l’exorcisme d’Emily Rose s’associe au producteur de Paranormal Activity pour nous pondre une nouvelle ghost story autant dire qu’on y va pas en toute confiance. Mais avec son affiche accrocheuse et sa bande annonce classique mais efficace, Sinister semblait bien parti pour nous offrir quelques frissons; chose que le cinéma fantastique a bien du mal à nous offrir depuis de nombreuses années…
Après un exorcisme d’Emily Rose de triste mémoire, Scott Derrickson revient au cinéma horrifique avec l’intention de proposer le film le plus angoissant possible avec donc ce Sinister. Intention louable, même si il ne risque pas d’annoncer le contraire et cette intention se ressent dès la scène d’ouverture où l’on assiste à la pendaison de 4 personnes filmée avec une camera super 8. Aucun dialogue, aucun artifice, le quadruple homicide est brut et le malaise est posé d’entrée. Un malaise que le réalisateur tente de conserver en créant une empathie pour le personnage d’Ellison (Ethan Hawke en demi teinte) découvrant les atrocités que recèlent les films cachés dans le grenier de son nouvel habitat. Chacune des bobines se révèlent aussi glauques et malsaines les unes que les autres, un aspect renforcé par un joli travail sur le son. Jusque là Sinister semble tenir ses promesses mais tout se gâte dès l’apparition du démon.
Non pas que le design du démon soit raté (on est loin du ridicule d’Insidious à ce niveau là) mais une scène en particulier viendra sonner le glas de Sinister. L’entité dont le visage est en gros plan sur un écran d’ordinateur bougera subitement la tête et reviendra à sa position d’origine un instant plus tard pendant que Ellison a le dos tourné. Des éclats de rires dans la salle viennent confirmer le ridicule de la séquence et la suite du film sera du même acabit…
L’ambiance anxiogène proposée jusqu’à maintenant par Derrickson est annihilée pour laisser place à des velléités de terreur à base de jump scares grossiers. Le summum du ridicule est atteint lors d’une séquence nocturne ressemblant à une partie de « un, deux, trois, soleil » avec des enfants donc le maquillage semble tout droit sorti d’un atelier à Disneyland pour Halloween. Le pauvre Ethan Hawke lui même ne semble plus croire car si il se montrait convainquant en début de film, sa prestation par la suite se dégrade tant il surjoue son angoisse, notamment lors des confrontations avec sa femme…
Le rythme du film est terni par une répétitivité de l’action rébarbative. Ellison est réveillé chaque nuits par un bruit, recherche l’origine de ce bruit, se met à flipper et rebelote le lendemain. Si bien que le spectateur à une longueur d’avance sur le scénario et le final se devine facilement une bonne demi heure en amont. Ce final, qui sur le papier est absolument tétanisant, est expédié en quelques plans et ce qui aurait pu être un moment extrêmement déstabilisant nous laisse finalement presque de marbre.
Sinister aurait pu, aurait du être un bon film d’épouvante. Malheureusement le film est plombé par des mauvais choix, artistiques comme de direction d’acteurs, et n’arrive pas maintenir son climat d’angoisse tout au long de ses 1h50. Si Insidious était un excellent film d’une heure, Sinister propose une bonne première demi heure. A ce rythme la on a peur pour Insidious 2…