Loin d'être un grand fan de Fred Schepisi, je dois reconnaître que lorsque celui-ci s'appuie sur un bon scénario, le résultat est potable. C'est le cas concernant « Six degrés de séparation », le réalisateur parvenant même à faire souvent oublier les origines théâtrales de l'oeuvre grâce à une exploitation plus que correcte des différents lieux de tournage. Bien entendu, le résultat n'est pas parfait : la crédibilité de l'intrigue est souvent mise à mal et la réflexion aurait sans doute pu être poussé encore plus loin. Reste qu'à de nombreux égards, il y a de quoi être satisfait du résultat. Il y a en effet beaucoup d'esprit, d'intelligence dans cette façon de croquer la bourgeoisie de manière assez piquante, sans pour autant les rendre insupportables ou odieux. Non pas que la démonstration soit tendre, au contraire, mais le montage, les dialogues et surtout la façon dont on est construit le récit évitent souvent les écueils, offrant à cette drôle d'histoire un goût plutôt savoureux. D'autant qu'on ne sait jamais trop sur quel pied danser : on ne sait quoi penser de cet antihéros aussi charmant qu'affabulateur, toujours entre honnêteté et manipulation, auquel Will Smith apporte beaucoup de présence et de subtilité. Après, le dénouement aurait pu être plus cruel, mais on est toutefois très loin de la mièvrerie crainte, et c'est en définitive sur une bonne impression que l'œuvre nous laisse. Bref, un équilibre surprenant entre comédie, drame et satire, le tout sans caricatures ni mépris (ou presque) : une jolie surprise.