Réaliser son premier long-métrage autour de la quête identitaire d'un jeune homme (Sofiane) n'a a priori rien d'original. Ce qui l'est davantage, dans Six pieds sur terre de Karim Bensalah, est l'idée de la situer dans un environnement de travail, disons inhabituel, à savoir des pompes funèbres musulmanes. Devenir ambassadeur des morts pour trouver un sens à sa vie, tel est donc l'enjeu d'un film assez attachant mais bien souvent déconcertant. Les meilleures scènes sont à l'évidence celles qui concernent le travail de l'assistant funéraire, ainsi que ses relations avec les autres employés, l'un d'entre eux, notamment, personnage fascinant par son côté laconique et impénétrable. Mais en contrepartie, le film souffre d'un manque de fluidité, d'un rythme bancal et de la difficulté de comprendre son héros, au comportement parfois peu cohérent. D'où une certaine indécision devant une œuvre estimable à bien des égards et parfois imprévisible mais qui oublie de développer certains aspects essentiels, comme la vie de famille de Sofiane. La mise en scène et l'interprétation n'ont rien d'extraordinaire et c'est donc l'écriture qui aurait dû permettre de rehausser l'intérêt de Six pieds sur terre. Ce qui, hélas, n'est le cas qu'en des moments fugaces.