Tentative revendiquée du Maître pour se renouveler, le film, c'est vrai, tend vers l'échec sur ce plan-là : on y retrouve les rythmes lents, les personnages mutiques, les landscapes nostalgiques, les thématiques de prédilection (et que dire du basset ?) d'un auteur qui divise pour mieux régner. Sous une forme un peu différente, oui. Et beaucoup moins inventive que de coutume, hélas. Bien plus dans la nuance. Mais pourquoi pas ? Poignardé dans le dos par une pub tv et un résumé de jaquette DVD le présentant éhontément comme un spectacle d'action (ce qu'il n'est sûrement pas !, loin d'un Ghost in the Shell de commande (rappelons-le), mais trahissant de la même façon le matériau originel pour mieux se l'approprier, ce Sky Crawlers n'est certes pas le meilleur Oshii qui soit (puisqu'il ne s'agit pas de Tenshi no Tamago, CQFD), mais il vaut son pesant de détour. Partant de nulle part pour arriver grosso modo à son point de départ, brassant l'air en hélices et paraboles, l'oeuvre prend son temps (et le nôtre, par la même occasion), développe les petits détails et brade l'intrigue générale, réduite à un simple fil rouge qui n'intéresse personne (pas le réalisateur, en tout cas) et marque profondément, c'est indéniable. Mais après coup, seulement, quand on émerge et qu'on vient à se demander "qu'est-ce que c'était, au juste ?". Qu'est-ce que c'était ? Une oeuvre forte, mélancolique, poignante, allégorie dérangeante de nos propres existences et leur sens insensé.

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le 27 janv. 2014

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Liehd

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