Je continue de maudire plutôt deux fois qu'une Sam Mendes. Hormis American Beauty (qui tenait surtout sur l'écriture d'Alan Ball) et le sous-estimé Jarhead, le reste de sa filmo oscille entre navets pur jus (Away we go, juste pathétique et débilisant, et Les Noces Rebelles, film prétentieux qui ne soutient pas une minute de comparaison avec n'importe quel épisode de Mad Men) et ratage sans conséquence pour le spectateur (Les sentiers de la perdition).
Skyfall c'est le festival du réalisateur qui se regarde filmer et dont chaque plan n'a rien à dire. On peut faire des films à l'esthétique raffinée (Refn ou Mann le font très bien) mais quand on y ajoute un peu de psychologie de bas étage (en gros Bond, il est vieux et M, elle n'est pas de première jeunesse non plus), la prétention devient indigeste et le néant, ainsi que l'ennui, ne sont pas loin. Et si on y met quelques blessures de jeunesse, on a la caricature parfaite du réalisateur intello et mature. Parfois, je croyais voir du Nolan et ça m'a presque fait sourire. Pour un truc froid, sec et mature, mieux vaut se repasser l'excellent second film de Corbijn, The American.
Surtout que vouloir chercher un peu d'intensité chez Craig, c'est avoir plus que confiance en ses qualités de directeur d'acteur. Dans Casino Royal, son physique de taureau, son côté animal et tête brûlée, se mariaient bien à un virage plus action, plus direct de la licence. Là, il ne dégage pas grand chose en Bond brisé, revenu de tout, dépressif et alcoolique.
L'arrivée de Bardem sauve le film de la noyade (toute l'image du film est dans le générique en fait - générique très réussi au demeurant) même si on n'échappe pas aux clichés du méchant, psychopathe avec de lourds traumas. Le final est assez grotesque comme si Mendes se souvenait ou voulait rappeler au spectateur qu'il était bien en train de faire un James Bond.
Finalement, j'en viens à regretter les tâcherons qui suivaient le cahier des charges bondien à la lettre. Dommage car avec Casino Royal, la licence avait retrouvé des couleurs et du style.