Comme Quantum of Solace, Skyfall débute sur les chapeaux de roue. C'est moins épileptique mais malgré tout, trop étiré en longueur (une énième bagarre sur le toit d'un train).
L'intrigue se noue peu à peu pendant que Bond sombre dans la déprime et la dépravation, tel que dans On ne vit que 2 fois - le livre - après la mort de sa femme (ça, c'est dans le bouquin précédent, Au service secret de Sa Majesté).
Lorsqu'il ressuscite auprès du MI6, il est remis à l'épreuve comme dans Jamais plus Jamais, son âge le desservant aux yeux de la nouvelle direction des services secrets britanniques.
On finit par découvrir une Bond-girl principale qui n'existe que 12mn à peine (dans un film de 2h23 ça fait pas lourd) et un vilain ancien agent qui n'apparaît qu'à la moitié du film et dont le but est de tuer M qui l'a laissé tomber autrefois. hmm... Javier Bardem est un très bon acteur, la question n'est pas là, mais cette fois il a tendance à surjouer. Quant à Craig, avec ses cheveux ras, il ressemble cette fois plus à un agent de Poutine qu'à un agent britannique. Skyfall est aussi le seul de ses cinq films qui ne fasse pas intervenir le SPECTRE.
Autrement, le schéma continue à s'affiner et à se remettre en place. Q et Moneypenny réapparaissent, et le nouveau M (Ralph Fiennes) ressemble à celui de la série historique (Bernard Lee), dont on retrouve le décorum des bureaux. Le petit plus par rapport aux "James Bond" classiques est qu'on sait d'où viennent les personnages. Ils ne sont pas relégués au rang de meubles parlants. L'humour a également refait son apparition au détour de quelques répliques bien pesées (l'affreux chien par exemple).
Comme il s'agit du film des 50 ans de la série, on nous sert quelques clins d’œil, mais pas aussi appuyés que ça avait été le cas dans Meurs un autre jour pour les 40 ans. Le plus évident étant bien sûr l'Aston Martin DB5. Le coup du siège éjectable est d'ailleurs marrant sur le coup, mais c'est une erreur de l'avoir fait. Les films avec Craig sont repartis de zéro, et il a gagné cette voiture dans Casino Royale. Elle n'a donc pas de gadgets comme on le voit ici provenant de l'autre série. C'est du pur fan-service incohérent avec le nouveau contexte.
Skyfall est un bon film, mais décevant malgré tout et très surestimé. C'est loin d'être le meilleur. Principalement parce qu'il a un problème de rythme. Il est déséquilibré et on s'ennuie souvent. Il y a beaucoup de "gras" (la scène de "Guillaume Tell" est inutile). Notamment durant les trente dernières minutes en Écosse, et lorsqu'on y arrive on se demande à quoi a servi tout ce qu'on a vu depuis plus d'une heure et demie. C'est pénible et bavard, et Bardem en fait des caisses. On a juste hâte que Bond le tue pour qu'il la ferme enfin.
On notera pour conclure que, pour la première fois depuis 1999, on a enfin un générique de début qui vaut quelque chose, notamment la chanson-titre qui d'emblée sonne sans la moindre équivoque comme du vrai "James Bond". Ce sera la dernière.