Après une mission ratée en Turquie, Bond est laissé pour mort. Quelques mois plus tard, M est la cible d’une menace terroriste à Londres. 007 sort alors de l’ombre pour mieux la protéger et découvrir qui peut bien lui en vouloir.
Après un réjouissant « Casino Royale », qui intronisait à merveille le bourru Daniel Craig dans le smoking du plus célèbre agent secret, « Quantum of Solace » affichait une baisse de régime, la faute à une grève des scénaristes qui ne l’aura pas empêché de se révéler toutefois un spectacle divertissant. On était cependant en droit d’attendre mieux de la franchise après avoir goûté à son flamboyant reboot, et pour ses 50 ans les choses ont donc été faites en grandes pompes, avec pour la première fois à sa tête un cinéaste de prestige, Sam Mendes, réalisateur d’« American Beauty », des « Sentiers de la perdition » et des « Noces rebelles ».
Outre un Craig toujours parfait, on retrouve au casting Javier Bardem, qui s’amuse comme un petit fou à composer un méchant de légende avec le personnage de Silva, dans une interprétation proche du Joker de « The Dark Knight » pour la folie et le cabotinage au service d’un plan machiavélique, le chef-d’œuvre de Christopher Nolan étant par ailleurs clairement la principale inspiration de Mendes, qui la revendique. La frenchie Bérénice Lim Marlohe s’en sort avec les honneurs dans son premier rôle d’importance en James Bond girl envoûtante, mais maudite, attendant désespérément d’être délivrée. On notera également l’arrivée du juvénile Ben Whishaw en Q, la belle présence de Naomie Harris en agente du MI6 qui doute de son envie de retourner sur le terrain, un Ralph Fiennes intriguant en Mallory, mystérieux homme du gouvernement, mais la part belle de cet épisode est avant tout faite à Judi Dench, comme toujours impériale, mais pour une fois touchante dans le rôle de M.
Sur le plan technique, la photographie de Roger Deakins est à tomber par terre de beauté et mériterait une nomination à l’Oscar, les décors sont magnifiques, les cascades impressionnantes, la musique vibrante, bref c’est un sans faute.
Je ne dévoilerai rien du 3ème acte du film, qui emmène avec bonheur la saga un peu en dehors de sa zone de confort pour se frotter à l’intimité de son héros, et parvenir, enfin, à nous émouvoir. Dans une ambiance crépusculaire, le film achève d’explorer la psyché de 007, dans un opus qui n’aura pas hésité à pointer ses faiblesses, et la notion d’héritage développée tout le long se voit alors pleinement exploitée pour mener à bien Bond vers sa résurrection, tel le phœnix.
Plus qu’un blockbuster, « Skyfall » se révèle une œuvre d’exception, jubilatoire, passionnante et somptueuse : tout simplement l’un des plus grands films de 2012.
Le meilleur des Bond !