L’intrigue de ce premier film ne se dévoile que petit à petit. Si, au début, on croit à un film sur l’excellence sportive chez les adolescents choisissant le sport/études (ici le ski), « Slalom » se mue en autre chose au fur et à mesure que les minutes passent. On est loin du simple film de sport et de compétition de ski comme « Eddie the Eagle », l’un des rares films sur ce sport, ni même du récent film québécois « Nadia, Butterfly » qui prenait place dans la compétition internationale de natation. Non ici le ski n’est que le contexte pour conter une autre histoire, bien plus sombre. En effet, Charlène Favier se sert de son passé pour exorciser ce qu’elle a vécu dans sa jeunesse : celle d’un entraîneur sportif qui va influer de manière toxique sur l’héroïne encore mineure. Une sorte de relation marquée par l’emprise psychologique et des violences sexuelles plus ou moins évidentes qui emmène finalement le long-métrage vers le drame psychologique.
Noée Abita confirme tout le bien que l’on pense d’elle depuis « Ava » et « Genèse » et elle n’a encore une fois pas froid aux yeux avec un rôle qui demande beaucoup de chair et d’investissement psychologique. Et elle ne démérite pas, semblant aimer le même genre de rôles qu’Adèle Exarchopoulos. Quant à Jérémie Rénier, il salit son image de gentil garçon dans une prestation ambigüe à contre-emploi où il se révèle sobre et juste. La relation malsaine et toxique qui s’établit entre eux est bien rendue mais manque parfois de profondeur ou plutôt d’approfondissements. Plus de scènes entre les deux personnages ou plus de clés de compréhension quant à leur ressenti n’auraient pas été de trop, notamment du côté du personnage de Fred puisque le film se concentre plus sur Liz. De la même manière la fin est trop abrupte et manque de clarté. On ne parvient pas toujours à savoir comment Liz perçoit les choses et cette relation, juste qu’elle est troublée et à cheval entre admiration et dégoût.
La progression de leurs rapports est en revanche montrée de manière claire et réaliste, on ne tombe jamais dans l’excès ou la facilité. Le cadre de cette station de ski et la neige renforcent le sentiment d’isolement de ces jeunes qui passent leur temps à étudier et s’entraîner. La mise en scène de Favier manque un peu de caractère et la manière dont les compétitions de ski sont filmées manquent d’enthousiasme. « Slalom » contient néanmoins plein de bonnes choses pour un premier essai qui augurent du meilleur. Mais entre le récit d’apprentissage, les compétitions de sport adolescentes, les premiers émois amoureux, l’emprise adulte sur l’adolescence, les abus sexuels et l’amour possible entre un adulte et un adolescent, c’est parfois un peu chargé et trop elliptique. Comme laissé en points de suspension et pas assez creusé dans le script. Un hermétisme psychologique dommageable qui n’empêche pas d’apprécier ce petit film non dénué de qualités mais prometteur.
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