La montagne, la neige, le ski, le sport, la sueur, la réussite, la vie. Ces mots sont parfaitement adaptés, voir adoptés par la première œuvre de Charlène Favier, Slalom. Dans les Alpes, crèche Lyz, dans son lycée, elle allie Maths, Français et sport hivernal avec son entraîneur aussi attirant que rustre : Fred. Alors que Lyz enchaîne les succès, les victoires et que tout le camp porte, de façon méliorative et péjorative les yeux sur elle, sa relation avec son entraîneur devient bien plus que tonitruante. Poussée à bout pour réussir, Lyz est confronté à Fred, doit-elle tout laisser passer, puisqu’elle finit tout de même par réussir, ou craquer, mais devenir encore plus la risée de ses camarades, jaloux pour la plupart, voir soucieux de la relation avec Fred.
Tour de force. C’est le mot qui vient en sortant de la projection. Tour de force, tout d’abord, pour la mise en scène. Si Cannes 2020 avait eu lieu, probable qu’il aurait gagné ce prix, et c’est la compétition qui aurait dut accueillir Drunk, The French Dispatch, Mangrove et Lovers Rock de Steve McQueen ou encore Gagarine (bon en vrais je l'aurai refilé a Teddy mais bon :/). Jamais, au grand Jamais, le ski n’a reçu une mise en scène aussi impressionnante. Des séquences aussi courtes, qu’intenses, qui redéfinissent le fait de filmer la montagne. Mais ces séquences ne sont que la cerise du filmage générale de l’œuvre. Avec des scènes où les couleurs sont fortes, comme le rouge sang, le noir profond de la salle de musculation, ou encore, le bleu du ciel ou de la neige. On est à la limite du giallo Italien, avec ce corps que l’on entraîne voire malmène. L’arrivée des règles, etc… Car si la réalisatrice sait manier sa caméra, Noée Abita sait, elle être une Actrice avec un grand A. Elle qui avait déjà travaillé avec C. Favier dans son court métrage : Odol Gorri. Elle met son corps réel à rude épreuve, se muscle, et réalise des séquences de ski plus qu’impressionnantes. Chapeau bas. Enfin, l’histoire racontée, terriblement d’actualité sur le machisme, ou plutôt la masculinité toxique, montre la dualité et les nuances entre l’entraineur qui veut surtout bien faire mais qui reste dérangé voir hors-la-loi. Et lyz, qui devient limite accro a cette toxicité qui elle aussi, souhait surtout se dépasser mais franchit une ligne difficilement surmontable. Peu de défauts à tirer. Acteurs excellents, mise en scène irréprochable et histoire intéressante, il y a peu à reprocher à ce Slalom, qui repousse toutes les attentes du cinéma français en offrant une œuvre singulière, riche en idées et porté par d’excellents comédiens comme Jérémy Renier.
En conclusion, Charlène Favier rappelle qu’il ne faut pas plus d’un essai pour faire partit des plus grands, et que la France est capable de rivaliser avec le cinéma du monde entier pour proposer des œuvres plus qu’abouties en termes de mise en scène et de thèmes abordés. A aller soutenir de toute urgence !