C'est le film coup de poing de cette reprise ! Au milieu de ce lot de film qui joue plus la carte du divertissement et de l'expérimentation, Slalom fait l'effet d'une bombe à retardement. On ne se doute pas de son impact lorsqu'on s'immisce dans le quotidien de cette jeune lycéenne qui intègre une section renommée de ski-études en Savoie. Dans un milieu très compétitif, on l'observe s'investir à corps perdu en suivant les instructions de son nouvel entraineur à la lettre. Mais au fil de sa progression et de ses réussites, ce dernier va avoir de plus en plus d'emprise sur elle... Le premier long-métrage de Charlène Favier s'inspire malheureusement d'une expérience personnelle, qui fût elle-même victime de violences sexuelles dans le milieu du sport alors qu'elle était adolescente. Sans pour autant être autobiographique, Slalom s'empare d'un sujet fort et délicat, universel et dévastateur. Ici, le corps de la jeune femme se place au centre de chaque plan. Tiraillé entre le dépassement de soi, l'exigence sans compromis, la pression, les études, le rythme des compétitions, la gestion des menstruations, il perd pied et se déconnecte de son essence... Et c'est par le prisme de ce dévouement, de ce sacrifice au sport professionnel, de cette quête de reconnaissance qu'apparait le thème de l'emprise. Un peu naïvement, on se dit que tout va bien, emporté par l'adrénaline liée au sport, et ce, jusqu'au faux-pas, la bascule tragique qui transforme cette ascension en descente aux Enfers. Le malaise est brutal, les contradictions émotionnelles et les conflits intérieurs sont brillamment tangibles et organiques. Les mots me manquent pour exprimer le sentiment d'injustice et la violence que j'ai ressenti face à certaines scènes. D'ailleurs, les dialogues sont succincts, réduits au minimum d'échanges. Soudainement, le cadre montagnard enneigé devient pesant et menaçant, souligné par un choix de lumières ambiguë et étouffant. Noée Abita donne corps à ce personnage à la fièvre contenu et à ces situations avec beaucoup d'intensité et de vulnérabilité tandis que Jérémie Renier incarne un personnage à plusieurs facettes : attentif, autoritaire, imprévisible et agressif. Pour moi, il est évident qu'on les retrouvera aux prochains Césars, même si le temps et les sorties en trombe risquent de les laisser de côté. La fin, plus que nécessaire, amorce le chemin de la résilience et touche au coeur.