Dans le cadre d'un ski-études, une fille de quinze ans poursuit sa scolarité sur les pistes enneigées. Elle va être sous la coulpe d'un entraineur qui croit en ses performances dans le but d'en faire une championne. Mais ça va être aussi, et malheureusement, une emprise sur elle, dans tous les sens du terme.
Pour son premier film, Charlène Favier tente un sujet très risqué, et dont on entend parler dans les médias, à savoir les abus sexuels des jeunes sportifs par leur entraineur sous couvert de les protéger, de faire d'eux des bêtes de compétition. Cela passe aussi bien par le jeu des deux acteurs, Noée Abita et Jérémie Rénier qui sont formidables, que par son traitement, dont on peut dire qu'on le voit sans le voir. En effet, on a deux scènes de viol, mais elles sont filmées avec pudeur, dont néanmoins on peut s'imaginer l'horreur que c'est, surtout pour cette fille.
Mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est plus ambigu qu'il n'y parait, car au départ dans ces moments-là, elle se sent aimé et appréciée pour ce qu'elle est, ses parents sont loin, elle n'a pas beaucoup d'amis, elle croit vraiment que cet entraineur tyrannique va tout plaquer pour vivre avec elle. De son côté, Jérémie Rénier est perçu comme un monstre gentil je dirais, mais qui se rend compte qu'à un moment donné, il est allé trop loin, même si le mal est fait et qu'une distanciation va se faire. Au niveau scénaristique, c'est plus subtil qu'il n'y parait, et c'est tout à l'honneur de sa réalisatrice, dont les scènes de ski sont sans grande importance, bien qu'elle filme ça avec dextérité.
Si je devais reprocher deux choses au film, ça serait d'une part la présence quasiment sacrifiée de la compagne de Jérémie Rénier, incarnée par Marie Denarnaud, qui a tout compris, et la fin que je trouve un peu trop facile dans l'échappatoire, alors qu'au fond, tout reste en suspens. Mais cela dit, voilà un très bon premier film, qui confirme en devenir une réalisatrice et une actrice à suivre.