Le film MeToo est aujourd’hui quelque chose de courant, et l’on a vu au cours des des dernières années la floraison d’un certain cinéma féminin, reprenant sa place, soit en se débarrassant du masculin (le cinéma de Sofia Coppola ou de Céline Sciamma, par exemple), soit en le plaçant en antagoniste. Slalom, premier long métrage de Charlène Favier, est de la seconde catégorie. En effet, on a là un long métrage sur le harcèlement sexuel dans le sport, avec un parti pris qui donne son unicité au film : cela se passe dans le milieu du ski, un milieu qu’on a assez rarement filmé, à l’exception peut-être de quelques comédies de qualité variable. Et donc, déjà, on a des images qu’on a jamais vu ailleurs, la réalisatrice maîtrise son sujet, les scènes de descente à ski sont d’une puissance invraisemblable, portées par une musique magnifiquement utilisée et une photo sublime, avec une colorimétrie bleue et rouge qui sublime la montagne, quasiment un personnage du film à elle toute seule, tant elle englobe tout du drame qui se joue. Car oui, Slalom est un drame, un drame porté par deux comédiens absolument brillants, que ce soit Noée Abita, dont la transformation physique est aussi impressionnante que terrifiante, et Jérémie Renier, lui aussi acteur extrêmement physique, qui finit par dévorer l’écran, à tel point qu’on en a peur dès qu’il apparaît dans le cadre. Slalom est un film puissant, qui sait magnifier son sujet, et lui permet d’être beaucoup plus qu’un tract ambulant. Autant dire que j’ai hâte de découvrir Oxana, prochain long-métrage de la réalisatrice, sur une des créatrices de FEMEN.