Excellente initiative de la part de Wild Side de distribuer ce Slice, thriller Thaïlandais relativement imaginatif et sortant des sentiers battus. Qui plus est le réalisateur n'est pas inconnu, puisqu'il s'agit de Kongkiat Khomsiri, déjà responsable de Boxers, petite perle sur le milieu du kick-boxing.
Un mystérieux tueur vêtu d'une toge rouge s'en prend aux hommes riches et influents, leur coupant les parties, les démembrant et jetant ensuite les restes dans une valise qu'il laisse en évidence, comme pour laisser un message à quelqu'un. Papa Chin (Chatchai Plenpanich), le flic en charge de l'affaire, pataugeant, et étant sur les dents, n'aura pas d'autre choix que de faire appel à Tai (Arak Amornsupasiri), un tueur à gage sous les verrous, ce dernier étant persuadé que le tueur est un de ses amis d'enfance. Doté d'un délai de deux semaines, il devra courir contre la montre pour coincer ce serial killer.
Commençant de manière plutôt anodine, et paraissant incroyablement prévisible, le réalisateur choisit de partir dans un tout autre sens en consacrant une bonne partie du film à de longs flashbacks racontant l'enfance du personnage principal. Tout est narré avec passion, son combat non-stop pour s'intégrer au gang de son petit village, sa progressive descente aux enfers, ainsi que son amitié avec un enfant fragile, Nut (Artthapan Poolsawad), sujet à railleries, qu'il défendra, mais l'handicapera dans sa quête de respect.
Khomsiri dépeint une Thaïlande rurale paraissant si belle et dure à la fois, captivante, à un point tel que l'on est presque frustrés quand le film revient au présent.
D'ailleurs c'est cette double histoire qui rend ce film inégal, la mise en scène et la photographie passant d'un haut niveau pendant les flashbacks à un niveau bien plus standard ceux-ci finis (en particulier si on a du mal avec le style jaune pisse emprunté à Jeunet). Un effet rendant le film particulièrement troublant, finissant par nous faire nous demander si le réalisateur n'a pas voulu grimer un passé vécu en thriller pour tenter de nous faire partager de mauvais souvenirs.
Bref, Slice est une agréable surprise, et s'en priver serait dommage, le nombre de production Thaïlandaises de qualité — dans nos contrées — étant plutôt faible. Qui plus est, malgré son côté film de serial killer laissé de côté, il s'avère particulièrement passionnant grâce à ses flashbacks, qui, il va sans dire, ne sont pas là non plus par hasard.
Pour conclure, si vous vous attendiez à un film dans la lignée de Seven, comme a tenté de le faire croire Wild Side au travers de sa promo, détrompez vous, vous ne verrez que quelques plans gores (dont un carton dans une orgie, plutôt bien chorégraphié, mais semblant avoir été mis là pour remplir le quota de violence exigé par la prod'), et malgré un final en faisant quand même un bon thriller, vous aurez surtout affaire à une histoire d'enfance difficile dans une Thaïlande sans compromis.
Mention spéciale qui va, comme vous pourriez vous y attendre, à la superbe photographie, signée Thanachart Boonla, qui n'en est pas à son premier coup d'essai, puisqu'il avait déjà signé celle du film d'arts-martiaux hors-normes, Raging Phoenix (Deu suay doo).