Qui veut gagner des Oscars?
Je n'ai vu ce film qu'hier soir, soit près de deux ans après sa sortie. Cette critique ne sera pas ma plus objective, n'ayant vu le film qu'une fois, je vous livre ici mes premières impressions; les mots qui me viennent à l'esprit sont "Ouaouh, pourquoi n'ais-je pas vu ce film plus tôt!". J'ai vraiment adoré ce film de Danny Boyle (est-ce utile de rappeler que c'est à ce réalisateur anglais que l'on doit des films comme Trainspotting, 28 Jours plus tard ou encore La Plage?). Boyle signe ici une nouvelle fois un chef-d'oeuvre de réalisation et de montage, il est pour moi un des réalisateurs les plus doués de sa génération.
Esthétiquement, il n'y a rien à jeter dans ce film, l'image et la photographie sont très soignées, le son et la musique aussi. Le spectateur est placé face à une réalisation rapide et dynamique, souvent caméra à l'épaule, qui le plonge au coeur de l'action, notamment lors des scènes relatant l'enfance du héros (les poursuites avec les policiers dans les bidons-villes, etc...). Certes l'histoire peut paraître un peu facile et simple, mais je l'ai trouvée très touchante, les personnages sont attachants et plutôt bien interprétés, le film est chargé d'émotions, sans pour autant tomber dans le pathétique et le gnangnan.
En parcourant le net, je suis tombé sur des articles évoquant une "Inde imaginée par les blancs", je dois dire que je ne suis pas d'accord avec cet argument. Le film est tiré du livre "Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire" de l'écrivain indien Vikas Swarup (Vous connaissez? Non? Moi non plus), et il est apparemment très fidèle au livre. Le livre est un conte, et selon moi le film doit être interprété comme tel aussi: Slumdog Millionaire est une oeuvre fictive remplie de poésie et de tendresse, malgré certains passages très durs, et qui à aucun moment ne se revendique comme le miroir de la tranche extrêmement pauvre de la société indienne, ce n'est pas son objectif. Le spectateur ne regarde pas Blanche Neige et les sept nains pour les conditions de vie des mineurs, mais pour le conte, sinon il regarderait Germinal. C'est la même chose pour Slumdog Millionaire. Et en cela le film rempli avec succès son objectif.
Danny Boyle est vraiment un réalisateur à part dans le paysage cinématographique, sa filmographie est totalement éclectique et c'est elle qui fait sa force. Il touche à tout, et très souvent avec talent. Rares sont les réalisateurs à avoir selon certains révolutionné le film de zombies (28 Jours plus tard), tout en ayant signé un des films de science-fiction les plus intéressants de ces dix dernières années (Sunshine), sans oublier des films cultes comme Trainspotting et Petits meurtres entre amis. La dernière fois que j'ai vu un aussi grand panel de genre chez un seul réalisateur, c'était chez Stanley Kubrick; la comparaison est peut être un peu extrême, mais au moment où je rédige cette critique, je la pense vraiment.
Slumdog Millionaire est pour moi un excellent film, à part dans la filmographie d'un réalisateur lui même totalement à part...