Vu il y a plus de vingt ans (!), je ne gardais strictement aucun souvenir de « Smilla », si ce n'est d'un film assez ennuyeux. Pourquoi le revoir, alors ? Parce que Bille August, réalisateur sans personnalité mais toujours très professionnel, et pour des critiques plutôt correctes, laissant à penser qu'un regard adulte pourrait changer la donne sur mon ressenti général. Et c'est d'ailleurs un peu le cas... sans l'être vraiment. Je m'explique : d'un côté, je ne me suis pas réellement ennuyé pendant presque deux heures, August faisant preuve d'une grande maîtrise pour emballer joliment l'ensemble, à l'image d'une très belle photographie et d'un réel talent pour filmer la neige. De l'autre, cette beauté formelle a légèrement tendance à tourner à vide tant le scénario est source d'embarras.
Alors que cette histoire de meurtre d'enfant démarrait sur de bonnes bases, on se retrouve presque d'un coup à ne quasiment plus rien comprendre, que ce soit dans les motivations des uns, le comportement des autres, rendant quasiment impossible de croire à cette course-poursuite aux seconds rôles très mal exploités (pourtant, quel casting!), nous perdant dans un dédale d'incompréhension au point de presque lâcher l'affaire à mi-parcours, nous contentant de suivre les (très) grandes lignes sans comprendre vraiment ce que cherche notre héroïne, du moins pourquoi rend-elle sa « mission » aussi dangereuse et compliquée. Heureusement, la magnifique Julia Ormond l'interprète avec beaucoup de ferveur et d'intensité : elle est sans doute le plus bel argument pour s'essayer à ce semi-échec dont on a du mal à comprendre une telle déroute scénaristique.