La semaine dernière, j'ai vu le dyptique Smoking / No Smoking d'Alain Resnais, les deux films étant tous deux sortis en 1993.
Dans Smoking, Celia Teasdale sort dehors pendant le grand ménage de sa maison et voit un paquet de cigarettes sur la table. Elle décide de se griller une cigarette.
Dans No Smoking, Celia Teasdale sort dehors pendant le grand ménage de sa maison et voit un paquet de cigarettes sur la table. Elle décide de ne pas se griller une cigarette et retourne dans la maison.
Dans chacun des films, suite à cet événement initial, nous suivrons les épisodes de vie qui se déroulent respectivement 5 secondes après, 5 jours après, 5 semaines après et enfin 5 ans après. A chacune de ces étapes, les personnages feront des choix différents, menant l'histoire à prendre encore plusieurs chemins différents. Au total, ce ne seront pas moins de douze fins différentes qui auront lieu au total dans les deux films.
Alain Resnais, j'ai beau connaître son importance dans l'histoire du cinéma, je n'avais auparavant vu de lui que On connaît la chanson que j'avais adoré, un pur exercice de style, une comédie musicale atypique et également on ne peut plus française, avec Jaoui, Bacri, Azema, Arditi, Dussollier et Wilson. Une bonne partie du casting du film avait déjà travaillé 4 ans auparavant dans Smoking / No Smoking puisque Jaoui et Bacri sont au scénario et qu'Arditi et Azema jouent à eux deux tous les personnages du film.
Alors qu'en penser ? Déjà, saluons la prestation des deux acteurs, surtout celle de Pierre Arditi, si doué à créer un personnage singulier à partir de mimiques simples. Les deux acteurs jouent chacun 4 ou 5 rôles, et Arditi est sidérant : lorsqu'il incarne le jardinier ou bien le directeur d'école, c'est un homme tout à fait différent. Il a d'ailleurs remporté pour ce rôle un César à mon avis très mérité. Le jeu de Sabine Azema est quand à lui moins virtuose, mais fait tout à fait l'affaire pour une comédie.
Parce que clairement, c'est une comédie : des événements plus loufoques les uns que les autres arrivant à des personnages complètement déglingués, un concept qui rend de fait le film extrêmement léger car sans conséquence concrète, une mise en scène extrêmement théâtrale à base de décors peints et de costumes simplistes...
Si comme moi vous avez lu et relu les Exercices de style de Queneau ou bien les expérimentations de Perrec, vous ne pourrez qu'apprécier cet exercice de style de Resnais ; quoique je conseille plutôt de commencer par On connaît la chanson, meilleur à bien des égards.
Le gros problème de Smoking/No Smoking, c'est sa durée : chaque film durant 2h20, cela donne un produit final de presque 5 heures et autant vous dire qu'à ce moment là... On commence à avoir fait le tour du sujet. On peut parfaitement se contenter d'un seul des deux films (quel qu'il soit d'ailleurs, pas d'ordre imposé pour les regarder) ; ou bien préférer comme c'est mon cas l'exercice de style un peu dans la même idée de l'allemand Tom Tykwer qui sortira 5 ans plus tard. Là-bas aussi on revivra la même histoire plusieurs fois (3 pour être exact) avec de légères variations menant à un final très différent ; mais cela sera fait avec moins de redondance et de légèreté que Smoking/No Smoking.
En bref, j'ai beaucoup apprécié l'idée, mais il faut reconnaître que cela peut vite devenir indigeste. Regardez quand même plutôt On connait la chanson et Cours Lola, Cours.