J’aurais aimé adorer Snake eyes comme j’ai pu adorer quasiment tous les films de Brian de Palma dans sa faste période des années 70 et 80 et apprécier ceux de cette décennie des années 90. Avec son (faux) plan séquence initial démentiel d’une dizaine de minutes, on s’attend à un film où l’image va mentir et où le plan va être de nouveau disséqué pendant une autre partie de film pour nous révéler une vérité qui nous a échappée. Ce n’est qu’en partie vrai et, avouons-le même, plutôt tout à fait faux. Deux ou trois autres personnages vont nous donner un autre point de vue de cette séquence dont on a deviné l’entière vérité depuis déjà bien longtemps, et puis c’est tout.


L’histoire (ou la vérité) n’est pas à la hauteur du concept et on s’engouffre très vite dans un thriller hyper classique qui n’a pas grand chose à raconter et qui masque ses faiblesses à grands coups de plans très sophistiqués. On se retrouve donc devant un film techniquement très réussi mais totalement creux avec des personnages caricaturaux au possible (renforcés par la présence des deux acteurs principaux déjà vus cent fois dans ce type de rôles). Nicolas Cage qui cabotine pour incarner le frimeur un peu naze et Gary Sinise en méchant cynique ont bien du mal à donner du relief à la suite de l’histoire.


On a le sentiment que de Palma a voulu renouer avec ses films conceptuels des années 70 mais ces derniers avaient une véritable profondeur dans leur propos et étaient bien plus noirs. On assiste donc à un exercice de style qui finit par éclairer ce thriller bien trop creux par une réalisation perçue, du coup, comme trop tape-à-l’œil pour ce qu’elle a à raconter. La fin de la confrontation entre les deux personnages étant proche du ridicule, elle achève de décevoir le fan de de Palma. C’est d’autant plus dommage que la suite de la carrière du réalisateur ne parviendra jamais à raccrocher les wagons. Un pur gâchis devant tant de talents.

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le 8 janv. 2021

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