Généralement, c'est difficile de passer d'un média à l'autre sans heurt. Surtout quand il s'agit d'adapter au format cinéma un comic strip de quelques cases. Car comment restituer l'intégrité de l'oeuvre de Schulz sur une heure et demi, durée réglementaire d'un film d'animation classique ?
C'est en se délectant de ce Snoopy et les Peanuts : Le Film que l'on saisit toute la difficulté de l'exercice. L'oeil ne pourra tout d'abord qu'être flatté par la beauté de l'ensemble, et ce, malgré la simplicité et la rondeur du trait de Schulz qui ont été transposées, comme s'il avait travaillé lui même sur le film. Ses personnages mignons et ronds s'inscrivent dans un décor sobre mais fourmillant de détails, magnifique, baignant dans des couleurs chaudes et vives faisant que la réussite visuelle s'avère totale. Snoopy et les Peanuts ne trahit d'ailleurs jamais ses origines de papier puisque quelques onomatopées demeurent dessinées au crayon, comme les traits simulant la trajectoire des petits héros au sein de l'image.
Mais le plus fort, c'est que l'on ne pense pas, sur le coup, à l'esprit des Peanuts. Tout simplement parce que ce film en est le prolongement naturel. Car Charlie Brown, Linus, Lucy, Schroeder et tout le reste de la joyeuse bande évoluent au sein de gags d'une simplicité désarmante mais d'une réussite imparable, le tout inscrit dans un scénario qui croque avec délice tous les petits tracas et les grandes peurs de l'enfance qui fleurissent dès lors qu'il s'agit de se confronter aux autres et de grandir. Et là, qui de mieux que Charlie, l'outsider par excellence, tout aussi touchant que maladroit, pour incarner toutes ces préoccupations ?
Dès lors, pas étonnant que ce film parle au coeur puisque nous avons tous été, à un moment ou à autre de notre enfance, un petit Charlie Brown : complexé, peu sûr de soi-même, isolé ou loin d'être à l'aise avec les autres, surtout à l'âge des premiers béguins. Le studio Blue Sky adapte à la perfection une oeuvre qui croque avec tendresse tous ces petits morceaux de vie, ces questions parfois trop matures pour l'âge où on se les pose, ainsi que la peur légitime de ce que l'on renvoie dans le regard des autres ou de ceux qui nous sont chers. Les mésaventures de Charlie Brown ont ainsi gardé toute leur justesse originelle et leur regard attendri sur une enfance éternelle, accompagnées de Snoopy et Woodstock, toujours aussi facétieux et un brin cabot. Le canin cool garde d'ailleurs son oeil acéré en tant qu'observateur de la micro société formée par la joyeuse bande. Et le couple de s'inscrire ainsi comme l'attraction du film, qui a l'éclair de génie d'octroyer au petit héros et à son chien une intrigue propre à chacun, tout en les faisant évoluer au sein d'un duo rigolo et bien rôdé. Si Charlie a fort à faire avec sa timidité et son petit coeur qui bat la chamade, Snoopy, lui, s'imagine en aviateur à la poursuite du Baron Rouge, son ennemi juré, prétexte à développer des scènes d'action aériennes aussi renversantes que rigolotes.
Toujours juste, simple sans toutefois verser dans le naïf, gentiment émouvant et magnifique, Snoopy et les Peanuts : le Film nous fait voyager une heure et demi durant dans notre enfance entre rires, sourires, douce nostalgie et souvenirs attendris. Au point que le studio Blue Sky enfile l'habit et la barbe du Père Noël pour venir nous donner, en cette fin d'année chargée, le plus beau des cadeaux.
Behind_Charlie forever - the_Mask.