Après sa fondation en 2002, le studio Blue Sky a surtout été connu pour son Age de Glace et ses trop nombreuses suites (le cinquième volet sortira en 2016) ainsi que pour avoir décliné les oiseaux de Rio. De leur lineup, on peut oublier Robots sorti en 2005 et Epic sorti huit ans plus tard pour ne retenir finalement que Horton, sans doute le seul film de l’équipe New Yorkaise à montrer autre chose que de foutus animaux qui parlent. Arrive heureusement le réjouissant Snoopy et les Peanuts d’après l’œuvre culte de Charles Schulz, histoire pour le studio de prouver qu’ils en ont vraiment sous le capot.
Tout le monde connait Snoopy. Le chien dormant sur le toit de sa niche rouge publié sous forme de strip pendant cinquante ans dans 2600 journaux différents dans le monde pour un total de 17 897 histoires. Ses aventures avec son camarade maladroit et se trouvant bon à rien, Charlie Brown, et leurs copains ont été naturellement déclinées à la télévision dans près de cinquante épisodes.
Mais le format court initié par le réalisateur Bill Melendez semblait idéal pour reprendre le travail de Schulz à l’écran. Le passage vers le long pouvait donc inquiéter. Ca pouvait d’autant plus être le cas que chaque adaptation vers le long métrage de séries d’animations ont souvent été l’occasion pour leurs réalisateurs de chercher à maladroitement sortir des sentiers battus pour raconter autre chose que ce que propose le format initial. Ce syndrome de « la grande aventure des héros » a touché avec plus ou moins de dégâts des dessins animés comme Minuscule, les Simpson, les Razmokets, Bob l’Eponge ou encore Dingo et Max. Heureusement pour nous, le réalisateur Steve Martino et ses scénaristes évitent avec brio ce grand défaut pour rester focaliser sur ce qui fait l’esprit des Peanuts : les personnages.
Pour pimenter le quotidien de Snoopy, Woodstock, Charlie, Linus et les autres, un seul élément va être ajouté à l’univers déjà connu : une fille. Une jeune fille rousse qui emménage en face de chez Charles Brown et qui va lui taper dans l’oeil. Il va donc devoir prendre son courage à deux mains pour arriver ne fut-ce qu’à appuyer sur le bouton de la sonnette de la porte de sa maison. Il va également s’engager dans différentes situations pour chercher à se faire remarquer de la nouvelle arrivante, ce qui donnera lieu à un enchainement de courtes séquences façon petites histoires liées par un fil conducteur.
A cela il faut ajouter quelques passages se déroulant dans l’imagination de Snoopy, directement liées à ce qui se passe dans son entourage, séquences dans lesquelles le chien va devoir affronter son nemesis, le terrible Baron Rouge… On est donc totalement dans l’esprit des strips créés par Schulz, au point que ça en soit surprenant pour un film d’animation des années 2010. Le rythme n’est en effet pas le même que la plupart des productions actuelles : le film Snoopy prend son temps et les péripéties sont limitées à des problèmes du quotidien pour des enfants. C’est donc beaucoup plus lent que ce qu’on a l’habitude de voir. Mais ça n’enlève rien au charme de l’histoire.
Scénaristiquement comme techniquement, on sent à travers le film tout l’amour que porte les équipes de Blue Sky pour le travail de Charles Schultz. Les animateurs ont bataillé pour reproduire le trait parfois tremblotant du dessinateur, pour reprendre ses habitudes et modéliser le tout dans une très belle animation en images de synthèse. On sait que Schultz dessinait ses personnages différemment selon leur position (un peu comme les oreilles de Mickey qui sont toujours dessinées rondes, que le personnage soit de face ou de profil) et que son trait a évolué au fil des ans, il fallait donc transposer cela à l’écran sans que ça se voit, en jonglant sur la modélisation et les angles de caméras. The Peanuts Movie est également joliment éclairé et coloré et la musique est toujours discrète.
Snoopy et les Peanuts est un film tout doux, débordant d’amour pour l’oeuvre originale et donc profondément respectueux. Tout ce qu’il faut pour en faire le film d’animation idéal de cette fin d’année.