Snow Therapy par Charles Dubois
Qu'il est dur de parler d'un tel film. En effet, partant d'un rien, le film construit un tout d'une abondance incontrôlable qui nous inquiète au plus profond. Jusqu'où ira ce film ?
Un homme fuit une avalanche en courant, laissant sa femme seule avec ses deux enfants. Point de départ.
Qui nous aurait dit que ce simple fait mineur partirait aussi haut ? Aussi loin ? Aussi violemment ?
Personne.
Snow Therapy laisse un sale goût dans la bouche. Celui d'un film qui nous a baladé, nous spectateurs, entre divers sentiments, sans jamais bien les définir, laissant un doute quand à nos réactions. On oscille entre un drame terrible et une comédie absurde qui nous présente le déchirement d'un couple très actuel. Snow Therapy laisse vraiment un sale goût dans la bouche. Celui de la déliquescence d'une société qui voit s'y affronter ceux qui se sont promis fidélité "pour le meilleur et pour le pire". Le film sonne comme un constat social, ne soulevant aucune question, se contentant de CONS.TA.TER. Constater que les hommes ne savent plus s'aimer, qu'ils désespèrent quand il ne se voient pas mais qui s'étripent au bout de deux jours de ski.
Tiens, parlons en de celui-là.
Quoi de mieux que de placer ce couple explosif dans une station où les machines bruyantes et mécaniques semblent avoir envahi la beauté pure, où la nuit résonnent au loin les explosions, petits feux artifices, au son des violons de Vivaldi, qui pètent comme des avalanches. A croire que celle-ci, la fameuse, celle à l'origine de tout ce foutoir, avait été voulu, que la montagne elle-même se faisait tentatrice, épreuve à surmonter, pour cet homme lâche et cette femme insupportable qui malgré tout s'aiment (?).
Trop intime parfois, hermétique et stoïque dans sa photographie, aux dialogues bien lourds qui poussent volontairement à bout (on semble n'y jamais voir une fin), ce concert déstabilisant détonne, bouleverse, choque, fait rire, d'un rire grossier, celui qu'on attend pas, et qui pointe son nez à l'horizon, libération soudaine d'une salle de cinéma où l'on entendait jusqu'aux souffles saccadés.
Haletant, le film devient sublime dans une scène finale terrible, totalement surprenante, qui retourne, sans jamais bien le dire, toute la situation, et finit en beauté ce portrait glaçant de la société qui est à la nôtre.
Une pépite.