Vu en avant-première, en présence de Bong Joon-ho, des auteurs de la bande dessinée Benjamin Legrand & Jean-Marc Rochette, et de l’acteur Tómas Lemarquis.
2031, 17 ans après que la Terre ait été plongée dans une ère glaciaire suite aux effets indésirables d’un gaz lâché dans l’atmosphère pour contrecarrer le réchauffement climatique. Les rares survivants se sont entassés dans un train spécial qui fait le tour du globe en une année sans jamais s’arrêter. À l’avant vivent les riches, à l’arrière les pauvres, et chacun est tenu de rester à sa place. Curtis, aidé de son ami Edgar, décide pourtant qu’il serait temps de passer à l’action et entreprend de lancer une insurrection pour renverser la vapeur et prendre enfin le pouvoir. Wagon après wagon, lui et ses camarades vont alors découvrir comment fonctionne réellement ce train.
Comme nous le disait le cinéaste Bong Joon-ho au début de la séance, voilà 7 ans, depuis la sortie de « The Host » en 2006, qu’il travaille à l’adaptation de cette bande dessinée française, « Le Transperceneige ». Le résultat est un très beau film de science-fiction, brutal, sombre et sale, qui convoque les pires heures de l’Histoire jusqu’à devenir une allégorie assez terrible de la vie. Le sujet de la lutte des classes au sein de cette arche de Noé sur rails peut faire penser au récent « Elysium », mais le film au fond se rapproche plus des thèmes développés dans « Matrix », avec une vérité dérangeante derrière un système bien rodé qui va falloir mettre à terre. Dans toute cette noirceur, un humour bienvenu est apporté notamment par Tilda Swinton, mémorable et méconnaissable en laideron autoritaire, ou encore par l’impeccable Song Kang-ho, acteur sud-coréen fétiche du réalisateur, ainsi que de Park Chan-wook (ici producteur). Le casting est d’ailleurs particulièrement riche, de Chris Evans à Jamie Bell, en passant par Octavia Spencer, John Hurt, Ewen Bremner ou encore Luke Pasqualino, et laissons la surprise pour le reste. En effet, découvrir le train au fur et à mesure que les héros progressent, comme dans un jeu vidéo jusqu’au boss final, s’avère particulièrement jouissif tant la direction artistique se révèle de qualité. On regrettera peut-être un léger manque d’émotion, même si la confession finale s’avère saisissante et que les ultimes révélations laissent clairement un goût amer dans la bouche.
Un train à ne pas louper en cette fin d’année !